Dans le landernau politique de la province de L’Extrême-Nord, il n’est ni un jeune loup, ni un baron. Le secrétaire général de la section Rdpc du Diamaré-Centre trouve sans doute sa place à la table de la génération intermédiaire qui peut faire valoir quelques états de service et se projeter dans l’avenir. Abdoul Hady Ali Badara y pense forcement sans toujours l’avouer. Lui dont la carrière a un je ne sais quoi de symphonie inachevée avec un décollage en puissance pour un atterrissage forcé.

Né à Maroua le 30 janvier 1955 il a eu une scolarité sans histoire couronnée par un baccalauréat G2 accroché en 1973 au Lycée de Garoua. Sa prochaine étape? La France. Le jeune Abdoul surmonte son émerveillement. Il va travailler dur pour collectionner les diplômes. D’abord celui d’études supérieures en économie obtenu à l’université d’Aix en Provence ensuite celui de l’Ecole supérieure de commerce de Marseille le tout chapeauté par un diplôme supérieur en gestion. D’autres lignes vont s’ajouter à son CV après un stage au cabinet d’expert comptable arthur Young.

La tête ainsi bourrée de mille et une notions en économie et gestion il peut rentrer se mettre à la disposition de la mère patrie. Nous sommes en 1984. Il débarque à L’Office national de commercialisation des produits de base et connaît une ascension graduelle : directeur administratif, puis directeur financier avant d’avoir les pleins pouvoir directeur administratif et financier. Mais son séjour dans la filière café-cacao s’achève sur un goût amer. L’Oncpb vache à lait de l’Etat sucé de partout finit par maigrir et mourir. On glosera encore longtemps sur les responsabilités de cette mort pas du tout subite mais le Daf lui, défend son bilan.

Il chôme quelques temps puis va vendre son expertise à la Regifercam comme directeur financier et agent comptable de 1994 à 1996. Il est à peine installé que déjà les sirènes de la privatisation hurlent. Abdoul Hady pense trouver un meilleur ailleurs. Il s’ouvre la porte du Crédit agricole comme contrôleur des engagements. Mais le sapeur pompier qu’il veut être est arrivé trop tard. Des créanciers ont déjà brûlé l’essentiel des avoirs de la banque du monde paysan. La banqueroute est au rendez-vous. Une douloureuse expérience de plus et de trop.

Abdoul Hady décide dès lors de s’installer à son propre compte comme consultant. li investit aussi dans l’hôtellerie. Ce changement de cap de sa vie ouvre aussi la voie à son entrée en politique. Le renouvellement des organes de base du Rdpc en mars 2002 lui offre la possibilité de prendre pied dans l’arène. Il hérite du poste de secrétaire général de la section Rdpc de Maroua urbain et en l’absence des ténors qui résident à Yaoundé le Sg déploie une activité débordante autant pour maintenir le parti en éveil que pour marquer des points à titre personnel.

Bienvenue a l’extrême-Nord

Radioscopie d’une province et de ses personnalités incontournables

Aimé Robert BIHINA

Eric Benjamin LAMERE