Il a sans doute plus que les autres des raisons de croire très fort à cette sagesse: ce qu’on tient pour un mal peut se muer en bien. Flash back. Lorsque l’ancien gouverneur de l’Extrême-Nord Mounchipou Seïdou prend les commandes du ministère des Postes et télécommunications à la faveur du remaniement du 07 décembre 1997, Ali Dougouf vissé au siège de directeur des affaires générales depuis une décennie fait partie des meubles.

Et dans l’architecture gouvernementale, le ministre et le directeur des affaires générales sont faits pour travailler en étroite collaboration. Ailleurs même, c’est la lune de miel mais entre Mounchipou Seïdou et Ali Dougouf, la relation tourne à la lune de fiel.

De désaccords en mésententes, la crise atteint le point de non retour lorsque le Minpostel suspend son DAG. C’est désormais l’adjoint de ce dernier, Chrispo Mehi qui trouve grâce aux yeux du patron. A l’instant, Ah Dougouf qui active ses réseaux pour reprendre ses prérogatives est loin de se douter que ce faisant, le ministre lui sauve la vie pour ainsi dire.

Car la suite on la connaît. Le scandale des 400 marchés du Minpostel. L’interpellation des députés. L’émoi de l’opinion. Le limogeage de Mounchipou. Le déshonneur. Le procès. La lourde condamnation. La prison.

Ali Dougouf aurait difficilement échappé à la charrette des condamnés s’il était resté aux premières loges. Mais même hors du coup, il a essuyé quelques frayeurs. Et la demande de mise à la retraite anticipée de cet administrateur civil principal n’a vraiment pas surpris grand monde. Comme pour fuir le mauvais sort, comme pour éviter de croiser les ombres et les fantômes du Mounchipougate, il a quitté la capitale Yaoundé et ses tentations pour se replier dans son Hina natal où il va se refaire une santé confirmant ainsi qu’il y a une vie après la retraite.

Sa carrière administrative étant déjà derrière lui. Il ne restait à Ah Dougouf que la scène politique pour ne pas sombrer dans l’oubli. Pour ce faire, les échéances électorales de 2002 étaient l’occasion rêvée. D’abord avec le renouvellement des organes de base du Rdpc en mars puis le double scrutin municipal et législatif du 30juin de la même année.

Le quinquagenaire frêle qui flotte dans sa gandoura n’a pas loupé la double détente : porté à la tête de la section Rdpc et élu maire de Hina. Dans cette municipalité sans eau, sans électricité sans infrastructures routières. Bref, ou tout est encore à faire en somme, ce n’est pas forcément moins stressant que de subir les assauts quotidiens des fournisseurs du Minpostel.

Bienvenue a l’extrême-Nord

Radioscopie d’une province et de ses personnalités incontournables

Aimé Robert BIHINA

Eric Benjamin LAMERE