Difficile de croiserAmadou Evélé sans être frappé par sa haute
stature. Difficile de le titiller sans provoquer ce quasi réflexe d’en
découdre. Il est ainsi le stéréotype du Musgum pur sang: fort,
frondeur, bagarreur.

Peut-être est-il né sous une bonne étoile un jour de l’année
1949 à Guirvidig dans l’arrondissement de Maga et sa réussite a
peut-être aussi été inscrite sur les astres. Après une scolarité
primaire et secondaire sans heurts à Maroua puis à Garoua, il va
à la rencontre de son destin à Yaoundé en 1969. Il sera en transit
à [‘Institut national de la jeunesse et des sports avant d’embarquer
pour la France une bourse d’étude en poche. Il dépose ses valises
au centre régional d’éducation physique et sportive à Nancy. Son
séjour hexagonal dure trois ans. De retour en 1973, il prend la
craie pour dispenser des cours au Centre national d’éducation
physique et sportive avant de se voir confier la direction de l’école
jusqu’en 1982.
Dans la foulée, le jeune Evélé met son bagage athlétique au
service du mouvement sportif national. On le retrouve donc bientôt
sur les terrains de basket-ball tantôt sur les pistes d’athlétisme
comme international. Aucune médaille d’envergure ne
s’accrochera hélas à son cou. C’est donc sur le plan administratif
qu’il va récolter le plus grand nombre de lauriers.

Après un mini tour du Cameroun qui le conduit à Garoua,
Bertoua et Maroua comme délégué provincial de la Jeunesse et
des sports. Hamadou Evélé poursuit sa course dans
l’administration centrale. Nommé directeur des sports en 1991, il
est « promu » conseiller technique quatre années plus tard avant
d’occuper le poste d’inspecteur général au Minjes jusqu’en Juin
2000. Période charnière pendant laquelle le football camerounais joue une de ses scènes de ménage épique avec la FIFA. Un long bras de fer se termine par une suspension du Cameroun de toutes compétitions organisées par la FIFA. Sanction aussitôt levée après le méa culpa du Premier ministre adressé à l’instance faîtière du football mondial. Entre temps, Amadou Evélé a servi de fusible et d’artificier à son patron sur les plateaux de télévision et sur les ondes de radio. Malgré le clash, il finit par tirer parti de cette surexposition médiatique.

Ce n’est donc pas un inconnu qu’un décret présidentiel nomme directeur général de la Semry le 2 Juin 2000. Depuis, confiné à Yagoua et devoir de réserve oblige, il est moins médiatique. Mieux épaulé par le président du conseil d’administration Victor Yéné Ossomba, il s’attelle à redonner corps et vie à la Société d’expansion et de modernisation de la riziculture de Yagoua dont le patrimoine était transformé en vaste champ de ruines.

La restructuration qui s’accompagne d’un plan de valorisation des redevances se heurte néanmoins à la résistance de certains riziculteurs qui alternent grève des semences et manifestations de rue pour exiger le départ du dégé. Hamadou Evélé, fils du coin, est ainsi confronté au casse-tête de tous ceux qui ont le bonheur ou le malheur (c’est selon) de travailler chez eux. Comment concilier l’objectivité du management et la subjectivité du village?

Autant pour se changer les idées que par conviction, il cultive
aussi son jardin politique. Membre du comité central du Rdpc et
personnalité ressource, il est de toutes les caravanes électorales.

Bienvenue a l’extrême-Nord

Radioscopie d’une province et de ses personnalités incontournables

Aimé Robert BIHINA

Eric Benjamin LAMERE