BANYO
Exception faite des aventuriers qui rejoignent le nord du pays par la route, peu, voire très peu de touristes s’aventurent jusqu’à cette petite bourgade hors du temps. Niché en plein pays Tikar, au pied des monts Gotel, Banyo illustre les paradoxes africains. Profondément musulmanne, sans route bitumée et bien souvent privée d’électricité, la ville semble vivre pour le football… français.
Les principaux matchs de Ligue 1 sont régulièrement retransmis, via le satellite, dans le « cinéma » de la cité, salle où des dizaines de bancs s’agglutinent devant une ridicule petite télévision. Sur tous les murs des échoppes de la gare routière ou des gargotes, plastronnent des images des joueurs de football du championnat de France.
Et dans une ville profondément musulmane, chacun doit se se faire sa religion, l’OM, l’OL ou le PSG. Prononcer le nom d’un de ces clubs autour d’une bière permet de gentiment enflammer un bar, voire d’assister à un débat philosophique : devient-on ou naît-on supporteur d’une équipe ? » Telle est la question… la ville présente bien entendu d’autres points d’intérêts moins « footballistiques ».
La région a été théâtre de la guerre qui a opposé les Nyem-Nyem aux troupes allemandes. Et ce n’est pas sans fierté que certains habitants expliquent que Lamido Nyem Nyem fut le premier à tuer un homme blanc au Cameroun. Sur les collines alentours, subsiste un cimetière et quelques ruines de bâtiments allemands. De nombreuses grottes où les Nyem Nyem se réfugièrent demeurent dans les environs.