BIBEMI

Y aller
A partir de Pitoa
En voiture les jeudi et vendredi
Prix du trajet : 2000 F
Ou à moto les autres jours : 3000 F
Distance : Environ 80 km
Structure d’hébergement : Aucune

Repères
Arrondissement de Bibémi
Création : 1982 comme district et érige en arrondissement le 22 août 1983
Superficie : 2 535 km
Population : 136 000 habitants
Groupes ethniques : Moundang, Foulbé, Lame, Mambaye et Dama (considérés comme autochtones) Toupouri, Massa, Guidar, Guiziga.

Chiffre
200 :
C’est le nombre de chefferies traditionnelles de troisième degré reconnues dans l’arrondissement de Bibémi.

Il y a des endroits gâtés en tout par dame nature. Bibémi est l’un de ces endroits-là. En effet, cette localité est recensée parmi les unités administratives qui regorgent de nombreuses potentialités agro-pastorales et touristiques mais qui, du fait de leur enclavement, restent sous-exploitées. Situé à environ 80km de Garoua, Bibémi, le chef-lieu de l’arrondissement du même nom, doté de trois unités de gendarmerie et deux de police, n’a plus grand-chose à prouver pour devenir le chef-lieu d’un département. Ses laborieuses populations, grâce à l’appui des pouvoirs publics, pouvaient sortir de l’ornière si l’insécurité due au phénomène des coupeurs de route ne faisait pas son lit dans cet arrondissement.

Lorsque l’on s’engage à visiter pour la première fois l’arrondissement de Bibémi, une peur vous habite. Celle de se faire casser sa voiture sur cette route rocailleuse dotée de multiples raiders. Ou de se faire agresser par une bande de coupeur de route qui dictent leur loi dans cette contrée frontalière du Tchd. Tout le long du trajet, le visiteur, comme en villégiature, se délecte de ce spectacle incessant de troupeaux de bœufs et d’ânes qui barrent la route ou ces huttes légendaires dont ne se débarrassent pas encore les populations. La tristesse se dissipe au contact du grand marché de bétail d’Adoumri, l’un des plus grands d’Afrique centrale, à une cinquantaine de kilomètres de Garoua et à une quinzaine de Bibémi. Là, tous les jeudis, de grands commerçants en provenance de Garoua, Guider, Maroua, du Tchad et du Nigeria viennent enlever les plus gros taureaux contre des billets pas toujours craquants. Plus de deux mille bêtes y arrivent et plus de la moitié changent de propriétaires chaque semaine. Adoumri, par ce marché, est devenu la plaque tournante, le point de concentration d’une population cosmopolite dont la moitié est tchadienne, et le poumon économique de l’arrondissement de Bibémi. Ce marché, bien clôturé et mieux géré, pourrait faire de Bibémi, la municipalité la mieux nantie de la région, financièrement parlant. A cette destination touristique, il faut ajouter le lac poissonneux de Kakou, à environ 70km de Bibémi, où fourmillent lamantins, hippopotames et canards sauvages.
Bâti autour de cinq pôles (Adoumri, Padarmé, Mayo-Lopé, Boula-Ibib et Bibémi), l’arrondissement de Bibémi, vaste de 2 535 km² et peuplé de plus de 130 000 habitants, aspire à devenir un chef-lieu de département. Le complexe municipal, présenté comme « la future préfecture », fait de Bibémi, la mairie la mieux construite de la zone. L’ensemble abrite, outre les services de la mairie.
Mais étant la deuxième municipalité de la province du Nord par l’importance de ses recettes (après Touboro), Bibémi devrait faire l’objet d’un plan d’urbanisation et d’investissement capable de changer son aspect de village développé ou de ville rurale.
Situé au Nord-Est du département de la Bénoué, l’arrondissement de Bibémi partage une longue frontière avec le Tchad voisin. Une proximité qui est bien gérée par les autorités administratives de part et d’ature de la frontière, mis à part le phénomène des coupeurs de route qui ont décidé de faire fortune sur le dos des populations riveraines. Le sous-préfet de Bibémi, Christian Limbouye Yem, l’a bien compris. Puisque le 20 mai dernier, il a invité ses homologues des arrondissements tchadiens de Guegou et de Lagon aux festivités à Bibémi.
Il reste que, pour donner des chances à sa demande d’érection en département, Bibémi doit préalablement réaliser le minimum pour une ville. Le tout premier de ces défis se situe au niveau de son accessibilité. En dehors des jeudis et vendredis (jours des marchés d’Adoumri et Bibémi) où l’on peut embarquer à bord d’un minibus en provenance ou à destination de Garoua, la moto constitue le seul moyen de locomotion. Un point d’honneur devra également être mis sur la construction des structures d’hébergement et de restauration qui font cruellement défaut aujourd’hui. L’avènement, il y a quelques jours, de la téléphonie mobile pourra changer les habitudes des populations se livrant il y a peu à la recherche d’un hypothétique filon de réseau.
Sur les berges du Mayo Kebbi qui arrose l’arrondissement, les cultures de contre-saison s’étendent sur plusieurs hectares.
Les jours ordinaires, Adoumri, localité de l’arrondissement de Bibémi, située à environ 50 km de Garoua et 15 km de Bibémi, n’a rien de particulier par rapport aux autres bourgades de cette unité administrative. Il faut attendre jeudi, jour du marché, pour voir qu’elle constitue le poumon économique de l’arrondissement. Si ce marché, en général, est une véritable plateforme pour l’offre des denrées alimentaires, notamment les céréales produites en qualité dans cet arrondissement, c’est davantage le marché de bétail qui fait la réputation de cette localité. Chaque jeudi, des milliers de bêtes, notamment les taureaux et taurillons venant du Soudan, du Tchad, de la RCA et de certaines localités camerounaises. Les grands commerçants de bétail en provenance de ces pays étrangers, du Nigeria et des localités camerounaises de Garoua, Guider, Maroua, Bogo, y font fortune depuis plusieurs décennies. Les prix oscillent entre 200 000 FCFA pour les bêtes moyennes et 500 000 FCFA voire 600 000 FCFA pour les plus gros taureaux. L’argent circule tellement dans ce marché qu’il est devenu le plus grand pourvoyeur de ressources à la commune de Bibémi. La taxe de transit (500 F par bête) et le droit de place (1000 F par tête) constituent des ressources non négligeables pour cette municipalité.
La réputation de ce marché a fini par donner de l’importance à la localité d’Adoumri. La localité attire une population cosmopolite composée essentiellement de commerçants. Une forte colonie tchadienne y vit, et l’essentiel de leur activité est tournée vers le commerce. Adoumri, par ce marché, est devenu l’endroit le plus fréquenté de l’arrondissement de Bibémi, même si l’eau potable y manque encore pour le moment.

Le lac poissonneux de Kakou
Situé à environ 70 km de Bibémi, ce lac constitue une véritable destination touristique.
C’est que, ouvert sur l’arrondissement de Figuil et celui tchadien de Léré, le lac de Kakou est un véritable port pour cette localité (du même nom) peuplée en majorité des Mambaye. « Nous traitons beaucoup plus avec l’arrondissement de Figuil qu’avec Bibémi », lance Amadou, un jeune de Kakou. En toute saison, les habitants de Kakou font leurs transactions à Figuil, situé à 15 km de là. D’ailleurs, contrairement au reste de l’arrondissement de Bibémi, Kakou et ses environs sont connectés au réseau de téléphonie mobile grâce aux antennes de deux opérateurs installés à Figuil.
Mais le lac de Kakou est d’abord une véritable destination touristique. Situé en contrebas de la petite chaîne de montagnes qui l’entourent et affichent un paysage pittoresque, le lac constitue une véritable merveille touristique unique en son genre. En dehors des lamantins, des hippopotames et des canards sauvages, cette étendu d’eau est le point de concentration d’une intense activité piscicole.