On ne peut pas prévoir quand l’histoire se met en mouvement. La deuxième guerre mondiale est intervenue à cause de l’assassinat d’une personne à Sarajevo.
Une révolution, c’est d’abord une surprise. Même si tous les signes avant-coureur sont là, on ne sait jamais si elle aura lieu, quand elle aura lieu et surtout quelle forme elle prendra. C’est ensuite la rapidité. Elle va toujours plus vite et plus loin que ce qu’on croit.
D’Emmanuel Todd, on se souvient qu’il annonça, dès le milieu des années 1970, la décomposition inévitable du système soviétique et sa « chute finale ».
Il a eu l’occasion d’y expliciter ce qu’il écrivait il y a bientôt une décennie dans Après l’empire : le monde arabe entre inexorablement dans l’ère de la modernité démographique et culturelle et nous donne à voir aujourd’hui les symptômes de sa crise de transition.
Je rappelle ici ce que Todd écrivait dès 2002: « de nombreux pays musulmans sont en train d’effectuer le grand passage. Ils quittent la routine mentale paisible d’un monde analphabète et marchent vers cet autre monde défini par l’alphabétisation universelle. Entre les deux, il y a les souffrances, et les troubles du déracinement ». En somme, pour Emmanuel Todd, la révolution dite « du Jasmin » et d’autres qui interviendront, seraient les inévitables et ultimes convulsions qui accompagnent l’entrée définitive dans la modernité.
l’on peut au moins rendre hommage à Emmanuel Todd pour en avoir depuis longtemps posé l’énoncé. On ne peut pas être stupéfait outre mesure si on lit bien cet auteur.