Le décret d’Allarde[1] est en réalité une loi datant des 2 et 17 mars 1791 par Pierre d’Allarde qui a supprimé les corporations. Les corporations étaient des associations de personnes exerçant le même métier, qui réglementaient à l’échelle de chaque ville la profession ; la période d’expansion des corporations est le Moyen Âge et la corporation la plus emblématique est celle des bateliers de Paris.

Une dizaine d’années auparavant Turgot initiait le mouvement vers une économie plus libre en proposant un édit, qui prévoyait de supprimer les corvées, les maîtrises et les jurandes (autres noms des corporations, qui accordaient le titre de maître à un artisan, l’autorisant ainsi à s’établir à son compte, et dont les membres se juraient assistance mutuelle). Mais son édit est rejeté et il est disgracié le 13 mai 1776.

Cette volonté de supprimer la liberté d’association professionnelle est à l’origine de l’interdiction syndicale, qui ne prend fin qu’avec la loi Waldeck-Rousseau de 1884. Toutefois, l’optique de l’époque était de réagir contre le système extrêmement hiérarchisé des corporations et donc d’effacer tout aspect contraignant, toute rigidité, considérés comme contraire à la liberté du travail, du commerce et de l’industrie.

La loi des 2 et 17 mars 1791, en son article 7, proclame ainsi le principe de liberté de commerce et d’industrie. Cela implique que, sous réserve du respect de l’ordre public institué par la loi, l’exercice des professions est désormais libre. Il peut toutefois, dans certains cas, être soumis à déclaration.

Le décret d’Allarde et la jurisprudence administrative[2] permettent de distinguer deux sous-principes :

* la liberté d’entreprendre, c’est-à-dire de pouvoir créer librement une activité économique et d’exercer une profession.
* la libre concurrence, autrement dit le fait que les acteurs économiques doivent respecter une éthique qui ne fausse pas la concurrence. Cette liberté implique qu’en vertu du principe de neutralité économique de l’État, ce dernier ne vienne pas fausser la concurrence en exerçant lui-même des activités industrielles et commerciales d’une manière qui romprait l’égalité entre concurrents.

Le décret d’Allarde ne s’oppose pas à ce qu’une personne publique exerce une activité économique lorsque ceci se justifie par la poursuite de l’intérêt général.