DZIGUILAO
Dziguilao, le Chef de l’arrondissement de Taibong est à cheval entre la ville et la campagne. C’est une curiosité dans la province de l’Extrême Nord. Le marché tient lieu de gare routière. Au cœur de la ville, aucun édifice imposant. A l’exception des services administratifs, rien en réalité ne fascine. Des maisons à l’architecture simple trahissent un habitat spontané.
Histoire et toponymie
Cette localité ne date pourtant pas d’aujourd’hui. Elle a été fondée au 17ème siècle par un certain Debang. L’histoire révèle d’ailleurs que c’est suite aux multiples prises de bec des membres de sa famille que le fondateur de Dziguilao s’est installé à cet endroit, un territoire anonyme, à côté d’un lac. C’est même de Dzaklao-lac en langue Toupouri qu’est venu le nom Dziguilao. Le lac, est stagnant. Cet arrondissement de 36 000 âmes dont le chef-lieu est Dziguilao a été créé par décret présidentiel n° 92/2007 du 5 octobre 1992 ; son ouverture effective s’est opérée le 14 février 1994.
Y aller
De Maroua, pas d’agence spécifique qui dessert Dziguilao, mais le point de départ des véhicules est le lieu dit « Carrefour para » au quartier Djarengol à l’entrée de la ville.
Coût du transport : Véhicule 2000 FCFA départ pris à Maroua et 1000 FCFA à partir de Guidiguis.
Moto : 1 500F à partir de Guidiguis et 2 000 F en passant par Mindil
Longueur du trajet : 160 km de Maroua par Kaélé et 100km environ en passant par Mindil
Hébergement : une auberge en construction
Arrondissement de Taibong créé par décret présidentiel n°92/2007 du 5 octobre 1992, ouverture officielle le 14 février 1994
Population : Environ 36 000 habitants
Principales tribus : Les Toupouris (90%), Peuls et Moundangs
Principales activités : l’agriculture et l’élevage
Les populations autochtones sont constituées des Toupouris (90%), mais aussi des Moundangs et quelques Peuls. Sur le plan politique, c’est le fief du MDR. Côté éducation, l’école est bien implantée dans tous les 10 villages que compte cet arrondissement. On y dénombre 28 écoles publiques, deux établissements d’enseignement secondaire, notamment le lycée de Dziguilao et le CES de Goundaï. Les cinq centres de santé fonctionnels permettent un encadrement sanitaire des populations. Les élites qui disposent de moyens ne veulent pas investir chez elles. A Dziguilao, il n’y a ni eau, ni électricité. Les plus nantis utilisent des groupes électrogènes, la nuit tombée. On annonce l’électrification de la localité dans un proche avenir. L’entreprise chargée de faire ce travail a déjà commencé à implanter les poteaux électriques du côté de Tchatibali. Sa feuille de route prévoit justement l’électrification de Tchatibali. Le terminus à Guidiguis en passant par Dziguilao.
Taibong est sorti de l’anonymat suite aux tristes évènements d’enlèvements d’enfants. Qu’est ce qui explique cette insécurité ?
C’est qu’en mai 2008, il y a eu l’enlèvement de quinze personnes dans certains villages de cet arrondissement. C’est vrai aussi que par la passé les coupeurs de route ont donné des insomnies aux populations mais, pour le moment, la situation est sous contrôle. Il y a en bonne place l’alcoolisme. La consommation du « bil-bil », breuvage traditionnel, est la distraction favorite des administrés, tout comme la consommation du « arki », une autre boisson alcoolisée autrefois interdite mais qui est sortie du maquis.

Le vol du bétail. Il n’y a pas de logement à Dziguilao, ce qui fait que certains fonctionnaires sont obligés de se loger à Guidiguis, chef-lieu de l’arrondissement du même nom, puisqu’ici, il manque cruellement de structure d’hébergement. L’arrondissement n’est pas encore électrifié. Il y a au moins 20 marchés périodiques par semaine dans l’arrondissement et partout, l’alcool occupe une place de choix.
Nous avions adressé des correspondances au FEICOM et au PARFAR pour qu’ils nous appuient dans la construction du marché, mais aucun de ces deux organes n’a répondu à nos sollicitations. Présentement, nous sommes en train de monter un dossier à déposer au PNDP.
L’usager qui quitte la capitale provinciale de l’extrême-Nord et veut se rendre au Chef-lieu de l’arrondissement de Taïbong et ne disposant pas de moyen de locomotion doit savoir qu’il a à choisir entre deux éventualités. Soit emprunter la voie bitumée, soit suivre la piste rurale qui est en latérite.
Dans l’un et l’autre cas, il faut s’armer d’une patience à toute épreuve, car, il faudra affronter des nerfs. Le trajet est plus long quand il faut suivre la voie bitumée. En suivant cette voie, on passe inévitablement par la ville de Kaélé et c’est à Guidiguis qu’on laisse le goudron. Il faut révéler que l’usager est tenu de voyager un jeudi car c’est essentiellement ce jour-là que les véhicules partent de Maroua pour Dziguilao. Le point de ramassage est le lieu dit « Carrefour para » à l’entrée de la ville. Il faut savoir supporter la surcharge et les caprices du conducteur qui se soucie très peu du confort des passagers. N’attendez pas nécessairement un véhicule de transport public, mais jetez-vous dans tout ce qui est susceptible de se mouvoir, que ce soit un pick-up ou un camion. N’allez surtout pas croire que la montagne de bagages que vous voyez à proximité du véhicule, ou que cette marée humaine ne pourra pas partir. Attendez-vous aux multiples pannes, car nombre de conducteurs empruntant ce tronçon se soucient moins de la révision du véhicule avant de l’engager sur la route.
En suivant les pistes rurales, on passe par Mindif. Un parcours du combattant, que ce soit en saison des pluies ou en saison sèche. En saison sèche, il vous faut porter un accoutrement spécifique, car vous ferez face à la poussière de Maroua à Lara. En saison pluvieuse, la poussière cède place à la boue. Vous ne manquerez pas de patiner. Il est fort probable que vous vous enlisiez dans un bourbier. Dans tous les cas de figure, même si le conducteur du véhicule peut maîtriser l’heure de son départ, il n’en est pas le cas de l’arrivée ; elle est toujours incertaine. Il y a un autre obstacle en période des pluies, il s’agit des inondations. De Maroua à Lara il n’y a aucun pont. Rien que des radiers. Conséquence logique, la moindre pluie sur les montagnes remplit les lits des cours d’eau et empêche la traversée. Le véhicule est tenu de s’immobiliser de l’autre bord de la rive en attendant que le niveau des eaux baisse.
Le calvaire s’achève à Lara où on rejoint la route carrossable. On respire un peu bien, mais juste pour un temps puisqu’à partir de Guidiguis, on prend un embranchement non bitumé qui vous mène à Dziguilao, soit une distance d’une trentaine de kilomètres. C’est ici qu’on pousse un ouf de soulagement. Même s’il faudra autant d’endurance et voire plus, pour affronter le chemin retour, puisque les animaux à poils ou à plumes vendus ici à vil prix, trouveront eux-aussi place dans le véhicule de transport public.
La localité tient sa renommée de son marché. Le marché des vivres du chef-lieu de l’arrondissement de Taïbong offre un peu de tout aux visiteurs, des produits vivriers et ceux de l’élevage notamment. Voulez-vous des moutons et porcs bien dodus, on vous conseillera de faire le déplacement de cette localité. De même si vous désirez payer des poulets de chair et les pintades. Ce sont là les principales richesses dont regorge cette ville ; bien sûr, au côté du mil et des arachides, Ici, c’est la « braderie » de toutes les marchandises difficile de se mouvoir d’un bout à l’autre.
Sans que les populations attendent un décret spécial, le jeudi est un jour férié à Dziguilao.
Le nouvel an Toupouri célébré avec faste
A l’occasion de la fête du coq » 2009, le Lamido Ayang Luc a exhorté les jeunes à tourner le dos à l’alcoolisme, au vol et à la consommation des stupéfiants.
Le temps a suspendu son vol en cette fin de matinée du samedi 17 octobre sur la localité de Doukoula. Village toupouri. Chef-lieu de l’arrondissement de Kar-Hay, département du Mayo-Danay. En ce jour du sacrifice du coq, le silence règne sur cette contrée, Tout le monde converge chez le grand sacrificateur, le chef spirituel de la zone pour le sacrifice du coq. Sa Majesté Ayang Luc, le chef de canton (Lamido) a fait le déplacement de Yaoundé pour sacrifier à ce rituel annuel qui consacre la fin d’une année et le début d’une nouvelle. Il a troqué son costume du président du Conseil économique et social contre la grande gandoura traditionnelle pour présider les festivités marquant la « fête du coq) (Feo Kague). A ses côtés, les grands notables au grand complet et les vieux sages de la contrée, Le rituel consiste à passer l’année en revue et faire des projections sur la nouvelle. Occasion idoine pour régler les conflits qui ont émaillé la vie sociale dans la zone et sceller la réconciliation entre les « frères ennemis). Au passage, le chef spirituel et le lami¬do relèveront pour le déplorer la pratique de sorcellerie, la consommation excessive d’alcool et des stupéfiants par les jeunes et le vol Avant de passer au rituel proprement dit, ils imploreront le tout-puissant pour gratifier la communauté d’une bonne récolte et d’une bonne pluviométrie et de la préserver la contre les épidémies. Pour joindre l’acte à la parole, le chef spirituel répandra par telle le sang du coq immolé ainsi que le vin sacré (bil-bil) apprêter pour la circonstance. Les mêmes faits et gestes seront repris par tous les chefs de famille dans leurs foyers respectifs. Le grand tambour installé chez le chef résonne au loin.
Le ton est donné. Une nouvelle année a commencé. Les cris et autres signes jubilatoires suspendus depuis un mois sont autorisés. Cette étape terminée, le chef de canton et sa cour rejoignent la résidence ou la bière locale, le « bil-bil » est servie à la communauté. C’est un jour férié en pays toupouri. Les travaux sont suspendus.
Comme en pareille circonstance, la « fête du coq » donne lieu à des réjouissances populaires. C’est le moment privilégié pour le chef de communier avec sa population à travers un véritable bouillon culturel. L’esplanade du lamidat de Doukoula s’est transformée pour la circonstance en une séance de démonstration de danses traditionnelless, notamment la waiwa exécuté par les jeunes filles et garçons. Dans les autres grandes localités toupouri telles que Dzigalao, Touloum, Moulvoudaye, Goundaye, Tchatibali et Golonghini, la fête du coq a donné lieu à diverses manifestations culturelles bien arrosées au « bil-bil ».