Difficile de rester de marbre lorsque l’on se retrouve en compagnie de El Hadj Amadou Bouba Tchandi. L’ancien coordonnateur provincial du Social democratic front (Sdf) pour l’Extrême-Nord est vraiment ce qu’on appelle un personnage haut en couleurs. Véritable self made man, El Hadj Amadou Bouba Tchandi ne revendique pas plus qu’un modeste Certificat d’études primaires et élémentaires (Cepe) obtenu à Maroua. N’ayant pas eu de diplôme, ce père de six enfants va se lancer dans une quête effrénée de l’argent, autre source avec les diplômes de reconnaissance sociale. Il quitte donc Maroua pour se rendre à Yaoundé où il devient vendeur à la sauvette et, sou après sous, il amasse un joli pactole qui lui permet de rentrer à Maroua la tête haute. Dans sa ville natale, il s’y fait établir son premier registre de commerce. Nous sommes en 1983 et on peut dire que c’est véritablement à ce moment que débute sa marche vers la prospérité. Il achète à gauche, revend à droite. Tout y passe. C’est ainsi que naît le Diamaré international business (Dib), le vaisseau amiralde ses activités logé en plein coeur du marché central de Maroua. Homme prudent et avisé, “Power” comme one le surnomme quelquefois dans les rues de Maroua en référence à ses activités politiques, décide de diversifier ses sources revenus, Il se lance ainsi dans l’agriculture à grande échelle-mil et haricot notamment-, l’élevage bovin et le transport. Dans sa résidence cossue couleur terre au quartier Dougoï, il ne se prive pas de raconter avec une verve et une truculence toute particulière sa trajectoire. Une trajectoire qui, il faut le reconnaître, force tout de même le respect. Il s’en vante d’ailleurs. Si El Hadj Amadou Bouba Tchandi a touché à presque tout dans les affaires, il en a été de même dans la sphère politique. Sa carrière politique, il a démarre dans le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) comme délégué aux conflits au sein de la section pilote du Diamaré qu’il quittera aux premières heures du multipartisme pour s’engager dans le Sdf dont il est d’ailleurs un des membres fondateurs. En tout cas il se réclame comme tel. Il y est fait secrétaire national aux affaires financières. Mais l’idylle avec le parti de John Fru Ndji est de très courte durée puisque dès 1992, il fait un come-back au Rdpc cette fois-ci comme militant de base de la sous-section de Douggoï dont le président n’est autre qu’un certain Sali Daïrou. Il y ferraille dur au cours de ces années de sévères turbulences politiques pour imposer le parti au pouvoir dans un environnement où l’Undp règne en maître quasi-absolu. Il y consacre et sa personne et ses ressources. Las d’attendre les retombées de ce qu’il considère comme étant un investissement, “Power” claque à nouveau la porte du parti au pouvoir pour regagner le Sdf. Coordonnateur provincial de la première force d’opposition, il est chargé d’insuffler une nouvelle dynamique au parti dans la province la plus peuplée du Cameroun. Candidat malheureux aux législatives du 30 juin 2002 dans la circonscription de Maroua urbain, Bouba Tchandi s’est, dans un premier temps, quelque peu mis en retrait de la scène politique pour se consacrer à ses affaires. Avant de retrouver en avril 2004, le principal parti au pouvoir. Décidément.

Bienvenue a l’extrême-Nord

Radioscopie d’une province et de ses personnalités incontournables

Aimé Robert BIHINA

Eric Benjamin LAMERE