C’est une des énigmes qui taraudent les esprits dans la province de l’Extrême-Nord. Comment ce chef traditionnel, lamido de Moulvoudaye fait-il pour avoir la République à ses pieds au point où nombre de membres du gouvernement même en séjour officiel lui réservent une visite de courtoisie ‘? Comment fait-il pour avoir au bout du fil sur un claquement de doigts certains hommes du président? Comment fait-il pour que sa suite à l’hôtel Hilton se transforme en lieu de pèlerinage des sommités du pays lorsqu’il séjourne à Yaoundé? L’énigme reste entière d’autant plus que cette autorité traditionnelle qui dépasse à peine la quarantaine n’impressionne guère ni par son physique plutôt frêle ni par son pedigree presque anonyme ni par quelque fait d’arme historique de sa chefferie. Tout juste lui concède-t-on une architecture singulière où la tradition et la modernité se mélangent savamment avec un zeste de fantaisie. Juste de quoi attirer les regards des touristes.

Il en faut donc plus pour justifier le ballet des pontes de la République à Moulvoudaye au bout d’une route terriblement accidentée et parfois impraticable en saison des pluies.

Il ne faut évidemment pas miser sur Sa Majesté pour percer le mystère même s’il est d’un abord facile et vous donne du « mon ami ». Il confesse néanmoins qu’il a dû interrompre ses études dans le secondaire pour succéder, sans grand enthousiasme, à l’époque à son père décédé au trône. Et sur la nature de ses réseaux, il coupe poliment « pour vivre heureux, il faut vivre caché ».
Une certitude: le lamido de Moulvoudaye n’est pas de ces chefs traditionnels qui vivent des largesses de leurs sujets. Son rutilant parc automobile, ses luxueux salons Louis XIV, et autres tapis d’Orient, son train de vie royal, ses séjours dans les palaces, ses voyages fréquents à Dubaï accréditent un secret de polichinelle Sa Majesté est aussi un prospère homme d’affaires.

Bienvenue a l’extrême-Nord

Radioscopie d’une province et de ses personnalités incontournables

Aimé Robert BIHINA

Eric Benjamin LAMERE