ESEKA
Les chutes de NGO NJOCK LIPO
Site naturel intéressant à visiter, ces chutes sont situées sur le cours du Nyong, à environ 10km avant d’arriver à Eséka, petite ville à une cinquantaine de kilomètres à l’Ouest de Mbalmayo.
On pourra donc les visiter dans la continuité de Onana-Mbessa. Les chutes de Ngo Njock Lipo porte le nom d’’une femme qui vivait sur les lieux et qui, selon la légende, était dotée de pouvoirs occultes. Cette chute était également utilise autrefois pour y précipiter les personnes convaincues de sorcellerie.

De toutes les gares ferroviaires constituant l’infrastructure d’accueil du réseau camerounais s’étendant de Douala, dans le Littoral, à Ngaounderé, porte d’entrée de la zone septentrionale du pays, seule la station d’Eseka rappelle l’occupation allemande, au cours de la quelle les premiers passages souterrains du tracé furent aménagés à la main. Son bâtiment principal à deux niveaux, véritable monument historique, comporte une concentration de béton qui en fait une sorte d’abri fortifié. Après le départ des exploiteurs, l’opposition des élites politiques, dont Théodore Mayi Matip, n’avait pas permis à cette bâtisse-vestige de bénéficier du programme de reconstruction lancé le long de la desserte par le gouvernement, sous la responsabilité de la régie nationale des chemins de fer. Certes, en débarquant, le voyageur a aussi un large vu sur le quartier des fonctionnairesn riche de ses résidences à plusieurs toitures, qui renvoient au style architectural affectionné par les anciens maîtres. Mais cette impression d’arriver dans une localité attachée à son passé de comptoir colonial de dissipe peu à peu, lorsque vous en parcourez les principales artères, où au hasard des rencontres, quelque patriarche ne manquera pas de vous dévoiler sa gêne, par rapport au retard qu’accuse le processus de développement de cette belle cité située dans une cuvette bordée de monts verdoyants. Depuiq quelques années en effet, le chef-lieu du département du Nyong et Kelle brûle de se concrétiser dans la modernité, entraînant dans ce train qui ne s’arrêtera certainement plus le souci de changer à la fois, sa présentation générale et les mentalités rétrogrades à la base de moult atermoiements.
C’est visible : des deux côtes de la route bitumée qui va de la gare férroviaire à la sortie de la ville, la volonté des pouvoirs publics et de la commune locale de donner une nouvelle physionomie à Eseka créve les yeux. La plus récente des réalisations attestant de cette volonté s’appelle « Immeuble Rose ». Natif du Nyong et Kelle et par ailleurs ministre d’Etat, ministre de la Planification, de la Programmation du Développement et de l’Aménagement du Térritoire, Augustin Frédéric Kodock est le maître d’œuvre de cet édifice qui abrite désormais les services départementaux de son département ministériel. Ce processus d’embellissement de l’espace urbain concerne aussi la restructuration de certains.
Les plus ouverts à ce vent sont, sans conteste, les ressortissants de l’Ouest. a Eseka, l’absence de réactions xénophobes contribue à l’expression du génie des ces allogènes. L’éclairage de Nguimbous Anatole : « si le bassa est un loup pour son propre frère, il se montre plutôt accueillant par rapport à l’étranger. » des commerçants gabonais qui se ravitaillent dans les plantations d’Eseka vivent ces marquent d’hospitalité. De même que la forte colonie de Nigériens, de Nigérians, de Bénois et de Mauritaniens dont le dynamique anime l’économie locale.
Tous les voyageurs en route pour Kribi, à larecherche du sel, Eseka devient chef-lieu du Nyong et Kelle, en 1958. depuis le départ des Allemands et plus de 40 ans après l’indépendance du Cameroun, les mentalités ne suivent pas. tout en se vantant d’avoir porté la liberté du pays, et d’avoir abrité un des foyers de « la lutte nationaliste », beaucoup d’hommes et de femmes des générations passées et actuelles semblent lanterner. « il y en a qui ont cessé de cueillir du vin de palme, attendant des colons qui viendraient saigner les troncs à leur place « , ironise un notable. Dans des milieux attachés à une attitude abandonnée, le culte voué à Um Nyobé conserve son caratère ardent des années du maquis. « et au lieu de consacrer leur temps aux accupations utiles, certains passent la journée à chercher la splendeur lumineuse de ce dieu aui est à l’intérieur d’eux », ricane encore le notable. Autres problèmes : bien qu’étant un champ d’expérimentation de l’intégration nationale,cette localité reste dominée par l’individualisme de ses fils. Nombreux parmi eux excellent dans l’élaboration des lettres anonymes ». ils écrivent pour détruire. Ils écrivent même contre leur propre camp », révèle une source policière digne de foi. Une lueur d’espoir : le lancement prochain de la radio communautaire d’Eseka, offerte par l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture. Ses programmes comportant 80% d’émissions en langues locales vont certainement permettre d’ouvrir des centaines de paires d’yeux qui refusent de regarder les opportunités et les réalités des temps présents.
A Eseka, j’ai trouvé des populations paisibles en général. Mais ces populations sont très alertes, et elles n’hésitent pas à crier très haut ce qui devait se dire tout bas. Il y a une grande partie de la population très rattachée aux institutions républicaines, très rattachées à la personne du chef de l’Etat, Paul Biya. Et qui, en même temps, compte sur les projets annoncés. Ces citoyns estiment que leur département a pris beaucoup de retard par rapport à la date de création de cette unité administrative, qui remonte à juin 1958. quand vous regardez l’état de la ville d’Eseka, en la comparant à d’autres chefs-lieux créés bien plus tard. Vous comprendrez que ces populations aient toutes les raisons d’espérer que le changement annoncé puisse toucher leur département en général, et en particulier Eseka. Un défi qui est lancé aux populations et à tous les patriotes concerne la modernité. Nous voulons voir Eséka aller un peu plus de l’avant. Nous voulons voir les fils et filles du Nyong et Kelle revenir un peu plus.
Les élites sont préoccupées par le développement de leur terroir. Mais le souci de chaque élite, ici, c’est de construire d’abord sa maison au village. L’appartenance au niveu du département vient un peu en second lieu. Et c’est l’un des défis lancés aux populations, aujourd’hui. Ces populations ont une particularité : elles sont très individualistes. Le sens de l’association et du commun n’est pas leur affaire. Leur force se trouve dans la diversité, dans l’individualisme. Le Pasteur Samule Bikoï II, maire d’Eséka.
Sur les monts comme à « Up Station »
Le paysage d’Eseka est dominé par de grandes élévations naturelles à partir desquelles le tourisme profite d’une large vue sur le reste de la ville.
Autour d’Eséka, des sites à visiter existent. Par exemple : le lac qui servait de parc à bois, à l’époque coloniale. Cette étendue d’eau à découvrir a environ deux kilomètres de la gare routière. Des riverains qui s’y rendent à l’occasion des parties de pêche font état de la présence d’espèces rares.
Pour la première fois, ne peut cacher son étonnement devant le nombre élevé des deux roues.
Que les mots-taxis ! Tout voyageur qui arrive à Eseka pour la première fois, ne peut cacher son étonnement devant le nombre élevé des deux roues. Dans le périmètre urbain et en périphérie, ces engins constituent un moyen de transport difficile à éviter. Se basant sur la prospérité de ce secteur d’activité, une usine de montage située à Douala vient d’ouvrir un magasin de vente sur place. Mais comme dans tous les autres coins du pays où ce phénomène prend de l’ampleur, Eséka et ses environs s’inquiètent de la montée des accidents de la route occasionnés par ces motos-taxis qui évoluent en marge de la loi et des règles de sécurité.

Y aller
A partir de Yaoundé : Gare routière de Mvan
Distance : Environ 140 km, sur une route bitumée
Coût du transport : 1300 fcfa
Le voyageur peut aussi y aller en empruntant le train. Point e départ : gare ferroviaire d’Elig-Essono.
Hébergement : Plusieurs structures hôtelières fonctionnent à Eséka.
Pour une nuitée, il faut prévoir entre 3500 fcfa et 10 000 fcfa.
Repères
1954 : Erection d’Eséka en commune de plein exercice.

Chiffre
: A ce jour, seulement deux agences de voyages structurées assurent, par route, le transport de personnes, entre Yaoundé et Eséka.
Le chef-lieu du département du Nyong et Kelle accusé certes du retard dans son processus d’urbanisation, par rapport aux villes, de la même taille bénéficiant d’une organisation administrative antérieure, à l’indépendance du Cameroun. Mais l’espoir de lendemains meilleurs existe, si l’on prend en compte les sacrifices du gouvernement, le formidable potentiel pluriel à valorise, la richesse des sites touristiques, la prise de conscience des élites, les opportunités de création d’entités économiques et la volonté affichée des populations de sortir des mentalités rétrogrades.
En provenance de Yaoundé, l’autorail s’est immobilisé, laissant sortir de son ventre des voyageurs de tous les âges. La gare, qui abrite des services administratifs, financiers et techniques, n’a rien perdu de sa configuration coloniale rappelant les temps de l’occupation allemande. Car, si l’on accepte le rouge et le blanc qui marquent ses murs, le bâtiment a gardé intacte, son architecture digne d’un ouvrage fortifié. Avec, par exemple, ces empattements bétonnés. En traversant le hall doté de quelques bancs, le voyageur tombe sur une esplanade arborée. Bonjour Eséka ! A quelques pas du parking goudronné, des hommes assis sur un tapis gazonné vous donnent l’impression de faire partie d’un accueil organisé des visiteurs : le visage avenant et le sourire franc, ils vous tendent des gobelets de vin de palme. Même si le service n’et pas gratuit, ce geste affiche un souci de nouer des contacts cordiaux.
En levant les yeux sur le décor, on observe un détail pittoresque, qui distingue Eséka et l’identifie à Genève : entourée de montagnes luxuriantes, la ville se situe dans une cuvette. La comparaison peut s’arrêter là. Depuis son érection en chef-lieu du département du Nyong et Kelle en 1958, la terre des peuples Ndog Tjock, Ndgo Ngond et Njee, n’a vraiment pas beaucoup évolué. Deux tableaux suffisent pour démontrer le règne de l’archaïsme : la voirie urbaine tarde à s’enrichir de nouvelles artères bitumées, après celui qui traverse la localité et la relie à l’arrondissement de Lolodorf voisin. Ce n’est pas tout : « il suffit d’une petite pluie, d’un coup de vent, pour que le centre urbain soit plongé dans le noir.les coupures d’électricité constituent notre pain quotidien », ironise un jeune homme, employé dans une entité de transfert d’argent. Au niveau de l’habitat, Eséka accuse également du retard. Certes, le gouvernement fait des efforts en matière d’infrastructures, comme l’atteste le nouveau palais de justice. Mais dans l’ensemble, les dix-sept quartiers que compte Eséka présentent la physionomie d’une agglomération à la queue. On y trouve encore des secteurs entiers bâtis à partir des matériaux provisoires. « il y a quelques bâtiments coloniaux, à l’instar de la sous-préfecture. Nous pouvons ajouter les sites des lycées technique, classique et bilingue, ainsi que celui de la mission catholique, qui abrite la cathédrale, l’évêché et un grand collège. A part ça, Eséka est comparable à un bled », soutient un inspecteur de police retraité.

Bosquets
Un sentiment de déception renforcé par ces hautes herbes qui forment progressivement des bosquets. Entre l’hôpital de district et la résidence du préfet, par exemple. Des dessertes à l’époque ouvertes à la circulation et propices à la villégiature, se rétrécissent à cause de l’abondance de cette végétation sauvage. « La route de l’aviation n’existe presque plus », souligne un fonctionnaire logé à côté des agences de voyages.
Considérons d’abord l’origine de son appellation officielle. Elle proviendrait d’une soif légitime d’harmonie et de paix. D’une disposition à recevoir, alors que le contexte de cette période, dominée par la lutte nationaliste, laissait très peu de place aux ambassades… Tout serait parti d’une amitié entre deux hommes. Ces derniers communiquaient à l’aide des tam-tams. Une nuit, les deux épouses de ces amis mirent au monde chacune un garçon. « nous sommes désormais égaux, nous sommes de la même génération », s’écrièrent-ils. C’est-à-dire, « Sega », en langue locale. Ainsi serait venu le nom Eseka. Selon une autre version, deux vieux vivaient ici. Un matin, alors qu’ils s’adonnaient à leurs occupations champêtres, des colons allemands pénétrèrent dans le village. « que faites-vous ? » Ils répondirent en chœur : « Sega » qui signifie « Nous sommes en train de travailler ».
Le premier, juste en face de la gare ferroviaire c’est la colline hikoa Podol, dont le sommet supporte les antennes de deux opérateurs de téléphonie mobile. Cette colline porte encore des marques des colons allemands. Sur son versant, existe un tunnel. Un autre coin à découvrir à tout prix., c’est cette forêt, à l’est de la ville. On y trouve une horloge abandonnée par les mêmes Allemands. « elle indique l’heure exacte », révèle un conseillé municipal. Du côté de Bogso, à environ 6 kilomètres du village du défunt Théodore Mayi Matip, un sanctuaire calme vous attend. Pendant l’offensive de 1945, des alliés s’y étaient réfugiés. Plus de 200 combattants auraient été enterrés, là. Sans oublier le tunnel Eséka-Maloumé (malheureusement en voie de destruction) et viaducs de l’ancien tracé du chemin de fer.
Le problème réside au niveau des élites et des populations. C’est dans leurs mentalités. Les élites d’ici ont pignon sur rue à Douala et Yaoundé. Mais, elles ne veulent pas investir à Eséka. Allez voir dans leurs villages respectifs : deux villas sortent de terre, parfois dans les zones isolées. On gagnerait à construire d’abord dans le chef-lieu du département.
Eséka dont le centre urbain n’est constitué que de vieilles bâtisses.
Eséka, pour moi ressemble à une ville maudite. Les coupures d’électricité surviennent presque tous les jours. Et ces coupures de courant entraînent des perturbations dans le réseau de distribution d’eau potable de toute la ville. Une ville bizarre, qui disparaît petit à petit dans la broussaille. Une ville où le fonctionnement des bars foule au pied la règlementation en vigueur.
Ils se méfient de tous le monde, et ne veulent pas en vendre leurs terrains. Un de mes frères a voulu acquérir un lopin de terre pour y construire une alimentation. On lui a proposé une formule de location. D’après cette formule, après quelques années, la maison construite reviendrait au propriétaire du terrain. Ce qui explique le grand nombre de maisons en matériaux provisoires. J’ai aussi observé le caractère belliqueux de certaines personnes, même âgées. Pour un petit incident, on devient rouge de colère. Un exemple : un de mes voisins a engagé en justice une procédure contre son propre frère. Le motif ? L’accusé avait mangé un plat de nourriture réservé au plaignant.
Eséka, chef-lieu du département du Nyong et Kelle, est une cité au confluent de multiples péripéties historiques. Laissons de côté les vieilles légendes rapportées depuis des temps immémoriaux et que ressassent inlassablement quelques patriarches nostalgiques d’un prétendu paradis perdu.
Attordons nous plutôt sur quelques repères objectifs qui ont placé Eséka sur les devants de la scène et laissé par ricoche, des traces dans la mémoire collective. L’histoire récente nous apprend que la localité a servi de théâtre, à une certaine époque, au déploiement et l’enracinement du mouvement nationaliste camerounais.
Déjà, en début du siècle dernier, sous l’administration coloniale allemande, Eseka fut le passage obligé pour relier la ville côtière de Douala à l’hinterland et plus précisément, au poste administratif principal de Yaoundé. Les sources historiques révèlents que les 150 premiers kilomètres conduisant jusqu’à Eséka furent terminés en 1914, à l’aube de la première guerre mondiale. C’est sous le mandat que furent achevés les 114 derniers kilomètres. Les péripéties douloureuses de la construction du chemin de fer avec notamment, le travail forcé, ont longtemps marqué les esprits. A tel point que certains natifs sont abusivement accusés de vouloir « confisquer » le train en souvenir des misères infligées jadis à leurs ancêtres. Amis ne refait pas l’histoire.
La localité est bien desservie par une route bitumée.
Il reste à savoir si les populations du coin ont suffisamment profité de cette aubaine. Le visage que présente actuellement la localité n’est pas des plus avenants.
L’un des plus anciens départements du pays.
Ces dernières sont accusées, à tord ou à raison, de négliger le centre urbain au profit de leur villages respectifs. Certains qui disposent pourtant des moyens conséquents, hésiteraient à investir par peur de la sorcellerie et d’autre forces maléfiques qui contribuent à plomber les perspectives d’évolution.

AU VILLAGE DU PREMIER OCCUPANT

Histoire de Hikoa Pondol ou la colline de Pondol, qui deviendra plus tard Eséka, débute pendant la période pré- coloniale. Un certain Pondol, parti de Messondo, une bourgade située non loin de là, y vivait seul avec pour uniques compagnons une vaste forêt dense, peuplée d’arbres et d’animaux. Mais, la solitude de ce Ndog bessol, une ethnie du coin, s’estompera un matin, avec l’arrivée des explorateurs allemands alors qu’il va, comme à l’accoutumée, muni d’une calebasse et vêtu d’un Bilar (sorte de cache-sexe), à la recherche de l’eau. Les étrangers, non seulement sont impressionnés par son courage à résider tout seul dans une aussi vaste forêt, mais aussi émerveillés par l’humidité du climat. Ils s’y implanteront, et mettront sur pied une palmeraie dénommée Kokola, éponyme de leur chef, où Pondol sera employé. Aussi florissante que prospère, la plantation Kokola, du fait de ses merveilles, va susciter des convoitises et des jalousies, bien au-delà de Hikoa Pondol. Alléchées par cette manne, les Ndog Ndjè, une autre ethnie, en errance puisque chassée par les Eton de Bafia, viendra combattre, mais en vain, contre les Ndog Bessol, déjà bien implantés. Tout ceci se passe au lendemain d’une cuisante défaite à Boga, actuellement Boumnyebel, face aux Ewondo, conduits par un certain Bayeg Ba Ngo Mbanga, redoutable personnage qui a disséminé les siens à travers la forêt.
Battus et humiliés par les Ndog Bessol, les Ndog Ndjè vont, finalement, s’installer à Elanga, Song Kouang et Song Mayi Matip (où résidait le regretté Pondol. aux alentours de Hikoa Pondol. Le centre.ville Ndog Bessol aient taxé les Ndog Ndjèl de «nko sing», c’est-à-dire peuple de la haine, a entraîné de violents combats entre les deux ethnies, laissant sur le carreau des milliers de morts», souligne Jean Aladin Bikoko, artiste musicien, légende vivante de l’Assiko. Les premiers réclament, parce qu’autochtones, leur plein droit à la terre, aux dépens des seconds, traités ironiquement d’allogènes, et donc n’ayant aucun droit foncier. «Ce conflit s’héritera, même de manière larvée, de génération en génération. Au point d’atteindre feu Mayi Matip ma Ndombol et Mbo Mbog Yossep Sendè» (Qui sont-ils par rapport à l’homme politique et au pharmacien ?), ajoute le virtuose guitariste de l’Assiko.
On enregistre des faits d’une cruauté insoutenable, et les échos de cette horreur traversent les frontières du pays, pour atteindre l‘Organisation des nations unies, laquelle tranchera en faveur des Ndog Bessol (en quelle année?). La localité deviendra, plus tard, Eséka (Quand plus précisément ?). «Aujourd’hui, du fait de cette sentence, beaucoup de descendants Ndog ndjè sont dépourvus d’une véritable assise dans la localité», remarque le vieux Bikoko.
Eséka n’a pas été à l’abri • de ces mouvements de chasse à l’homme, qui ont précédé et suivi l’indépendance du Cameroun. Bien au contraire, la localité a perdu beaucoup de ses enfants. A la différence d’autres zones du pays, où cette vaste opération d’expurgation des nationalistes a sévi, le chef-lieu du département du Nyong et Kellé (à partir de quelle année ?) a connu une méthode toute particulière. C’était l’œuvre d’un certain Bitsoga Bitso personnage robuste au obscur, surnommé M Ngo Mpi (le lion) en raison de ses tueries massives par jour. Il régnait en maître. Travaillant à la solde du pouvoir colonial, il traquait et exterminait tout subversif. Il les jetait, par dizaines dans le Nyong. «A cette époque, tout étranger qui descendait du train n’était pas repartir. Il fallait se cacher, pour ne pas faire face à l’interrogatoire de Bitsoga Bitsoga. L’arrivant était d’avance perdu, à moins de graisser la patte au bourreau» se remémore le sexagénaire dont le cadet, Célestin Mongo Bikoko, a eu la vie sauve en 1974 après que celui-ci a versé une somme de 50.000 Fcfa au « lion ». Plus fort que tous, Bitsoga Bitsoga dviendra un grand danger pour les populations. Devenu incontrôlable, il ne fera plus d’exception dans sa boucherie humaine. Même Kon Kon, le préfet de l’époque, pâtira sous le joug de ce «collabo». Il faudra l’intervention d’un certain Yogo Ntonga, surnommé «homme sans pitié» dans la région, pour mettre terme au machiavélisme de ce truand. Accompagné de ses hommes, ce colonel d’armée va procéder à son exécution, en plein centre-ville d’Eséka, au moyen de douze fusils.
Aujourd’hui, Eséka regarde dans un lointain passé ces moments d’horreur et de haine, qui l’ont secoué. Une cité cosmopolite, où cohabitent des populations venues de contrées diverses. Son accès est facilité par le chemin de fer et une route bitumée. Des moyens de communication qui font d’elle une ville fréquentée par touristes, vacanciers et curieux, qui y trouvent un coin paisible et idoine pour l’évasion. Grâce à ses cybercafés, à l’implantation de câblo-opérateurs, ses agences de transfert de devises et ses réseaux de téléphonie mobile, Eséka fait partie du village planétaire. Les lieux de distraction ne manquent pas. Cabarets, bars dancing et autres gargotes, se retrouvent à tous les coins de rue. Les déplacements à travers la ville, sont facilités par de jeunes gens au moyen de motocyclettes.
Une sorte de ceinture montagneuse, couverte d’une verdure luxuriante, encercle ce chef-lieu de département, ce qui favorise le réchauffement de la ville, au grand dam des populations. Du haut des flancs de montagne, des paysans, téméraires à l’œuvre, s’offrent à la forte canicule qui y règne. Difficile de s’habiller chaud, dans ces conditions où la chaleur a droit de cité, de jour comme de nuit. Une raison qui pourrait, peut-être, justifier la dotation en ventilateurs d’une bonne partie des chambres d’auberges et de motels.
En période de pluies, Eséka se transforme n véritable patinoire. L’accès à ses dix-sept quartiers est un parcours du combattant. L’énorme bourbier, les innombrables nids-de-poule et les flaques d’eau qui parsèment les rues, donnent le tournis aux populations. Quelques croûtes de bitume, encore perceptibles ça et là, et l’herbe qui pousse profusion à différents endroits de la ville, trahissent la vétusté de la voirie. Une vaste opération d’hygiène et de salubrité s’avère nécessaire ici. Son relief de collines offre visiteur, assis sur ces grands rochers qui surplombent les habitations, une retraite et le se dépayser, d’oublier le vacarme des grandes métropoles et le panorama, en plongée, d’une cité qui ne demande qu’à être davantage développée en terme d’infrastructures, jean Bikoko y vit, modeste, sur cette terre du pays Bassa qui vécut les pires heures du nationalisme camerounais. Ville historique, pleine de légendes qui ont souvent inspiré l’artiste.