FOUMBOT

Foumbot, autrefois grenier du Cameroun, éprouve aujourd’hui du mal à nourrir même ses propres populations. Zone essentiellement agricole de la région de l’ouest, cette ville de plus de 1000 km2 compte moins de 100 000 habitants. Ceux-ci, sans considération de la classe sociale, pratiquent généralement l’agriculture.
Du fait de la surexploitation des sols, la terre s’est lessivée et a perdu peu à peu de sa fertilité. Plusieurs semences pour divers aliments sont mises en terre au cours d’une seule année. Les plus réguliers sont le maïs, le haricot, les arachides ou les patates. La pratique artisanale de l’agriculture participe aussi à l’appauvrissement des sols. « Nous n’observons pas de période de jachère ici, et la plupart des champs sont exploités en moyenne depuis une quinzaine d’années. Ce qui justifie la faible production et appelle à de nouvelles pratiques.
La principale conséquence de cette baisse de la production est le renchérissement des prix des produits agricoles. Un seau de maïs de 15 litres coûte actuellement entre 3000 et 4000 FCFA contre 2000 FCFA à la même période il y a trois ans. Le haricot, toutes variétés confondues, est vendu entre 8000 FCFA et 15000Fcfa. Pratiquement deux fois plus cher que les années antérieures. A la fragilité des sols s’ajoutent les changements climatiques, avec le prolongement de la saison sèche et l’abondante pluviométrie en saison des pluies qui menacent la production.
Foumbot, c’est aussi son taux de scolarisation élevé, favorisé par deux lycées dont un bilingue, un collège d’enseignement technique, une école de formation des agents technico sanitaires, plusieurs établissements privés, et plus de 20 écoles primaires bilingue et maternelle. Le lac Monoun et le mont Bapit sont les principaux sites touristiques qui font la fierté de la ville. Elle offre plusieurs sites de divertissement, avec le célèbre « carrefour de beaucoup de bars » très ambiancé à tout moment de la journée grâce à une multitude de cabarets, de snack bars et de boîte de nuit. Le quartier Mbanso’o est reconnu comme le principal coin de plaisir, au vu du nombre important de prostitués qu’il regorge, favorisant la prolifération des auberges dans ce quartier.
Du journal Repères N° 141 p.5
Par Bibiane DJAYOU

SCAN de Foumbot

L’entreprise a cessé de fonctionner en 2000 pour insuffisances de matières premières. Mais chaque année, elle coûte 50 millions de FCFA à l’Etat.

La SNI veut relancer la SCAN
L’état du chemin qui mène à la société de conserverie alimentaire du Noun (SCAN) traduit le mal être de cette structure tombée en ruine. Perdue dans la broussaille, se rendre en ce lieu nécessite courage et abnégation, non seulement pour combattre les hautes herbes qui tenteraient de vous barrer le chemin. Mais aussi des esprits malins qui pourraient surgir à tout moment le long de la route caractérisée par l’insécurité, et vous ôter la vie, sans que personne ne se doute de rien.
Perchée sur une colline, cette entreprise au capital social de 900 millions de FCFA, avec un apport de la SNI de l’ordre de 49%, a cessé de produire depuis l’année 2000. Sur ce site interdit d’accès, seul un moment d’inattention du gardien, déterminé à maintenir tout visiteur très loin de la société, peut vous permettre de faire un tour du propriétaire, sans pour autant pénétrer dans les locaux hermétiquement fermés. Ici également, la broussaille a pris possession des lieux

Et la rouille s’est emparée du tas de ferraille abandonné au soleil et à la pluie. En dehors des bâtiments tombés en ruine, la ferraille immobilisée sur place vous rappelle que ce lieu a connu une intense activité économique à un moment donné.
En effet, l’implantation de la SCAN dans la ville de Foumbot avait permis la création d’une plantation spécialisée dans la culture de la tomate, généré plusieurs emplois et surtout réduit le prix de la tomate en boites, qui a chuté de 100 FCFA à 75 FCFA. Les cultivateurs locaux étant les premiers bénéficiaires. A l’époque de la SCAN, je n’avais plus de souci à écouler mes produits. Une fois que je récoltais mes meilleurs fruits, je me dirigeais immédiatement à la scan. J’avais la possibilité de vendre une quantité importante, ce qui me permettait de réaliser d’énormes bénéfices. Je ne vis que dans l’espoir de voir cette structure recommencer ses activités », affirme un habitant de Foumbot.

LES CAUSES DU DECLIN
A Foumbot, les populations de Foumbot considèrent Mme Yaou Aïssatou, directeur général de la société national d’investissement (Sni), comme la principale responsable de la chute de cette société. A la Sni on n’a une autre explication. D’après les informations collectées auprès de M. Simon Pierre Essomba Abanda, ingénieur agro économiste et responsable du dossier SCAN à la Sni, la difficulté d’approvisionnement de la structure en tomate fraîche set la principale cause de son déclin. En effet, la société avait été conçue pour transformer136 000 tonnes de tomates fraîches par an. 7 000 tonnes de tomates concentrées devraient ainsi être produites pour un fonctionnement, ce qui représentait une production journalière de 360 tonnes. Or en six années, l’usine n’a pu acheter que 10 000 tonnes de tomates fraîches, et n’a pu fonctionner normalement que pendant 100 jours.
Pourtant, avant l’implantation de la firme, une étude de terrain avait été réalisée, qui révélait que les planteurs de la région de l’Ouest produisaient environ 38 000 tonnes de tomates par an, satisfaisant ainsi la demande. « Ce qui était conforme à nos attentes. Seulement, il s’est avéré que cette variété de fruit contenant beaucoup d’eau n’était pas adéquate pour la production industrielle. Nous avons alors fourni des semences industrielles aux agriculteurs pour pallier ce besoin. Mais une fois qu’on faisait les récoltes,il préféraient vendre aux gabonais qui achetaient le kilogramme sur le marché à plus de 50 FCFA, contre 26 FCFA à la SCAN. Il n’était pas possible d revendiquer quoi que soit, car il n’y avait pas de contrat formel les liant à la société. Nous avons alors crée une plantation pour compléter la production paysanne, mais les experts chargés de la culture des tomates ont vite monté leur limite, provoquant ainsi leur renvoi et la fin des activités de la plantation ‘’, explique Simon pierre Essomba Abanda.
Une autre difficulté était liée à l’approvisionnement en boite ; l’année 1996- 1997, au cours de la quelle la structure a connu son pic de production avec 9200 tonnes de tomates, il n’y avait pas assez de boites de conserve. Car elles étaient importées de France et coûtaient 35 Fcfa au Port de Douala. Pour conserver les tomates non embouteillées, la SCAN a importé des tomates transformées donc le mélange avec les tomates locales permettait une conservation longue durée. Mais cette expérience a fait long feu, en s’arrêtant au moment où les pistes de fabrication locale de boîte étaient en cours d’exploration.

« Comme la SNI finançait le projet pilote, les autres actionnaires ayant donné à peine 10% de leur contribution, elle a décidé après avoir investi plus de 7 milliards de Fcfa d’arrêter les activités, d’autant qu’il est difficile de fonctionner à perte et de supporter toutes les charges, le salaire du personnel notamment. Nous avons donc vendu les fûts pour désintéresser certaines personnes et les âmes mal intentionnées nous ont accusé d’avoir bradé le matériel de la SCAN. Pourtant aucun matériel n’a jamais été bradé. Actuellement, la SNI continue de payer l’assurance de cette société qui s’élève à plus de 50 millions de Fcfa par an, ainsi que le salaire des gardiens qui travaillaient sur le site. Notre combat pour l’heure de remettre cette entreprise sur pied au grand bonheur des populations. Il faut juste une mobilisation des élites autour de cette ambition », exhorte l’ingénieur en agroalimentaire.