Lorsqu’en mai 2002, ce ministre Undp claque avec fracas la porte de ce parti pour regagner les rangs du Rdpc le parti au pouvoir, nombreux sont les obseriateurs qui croient scellé le sort de ce redoutable animal politique. Son éviction du gouvernement n’étant plus qu’une question de temps prédisent les mêmes oracles. C’était, on s’en est finalement rendu compte, avoir une grille de lecture trop étroite de la dimension réelle du personnage. Car dans le jeu des équilibres socioculturels et compte tenu de la capacité de mobilisation des uns et des autres, Hele Pierre est un élément incontournable dans le landerneau politique du Mayo-Kani où il jouit d’une estime, d’un respect et d’une popularité exceptionnelles. Une popularité pas du tout du goût de certains barons du Rdpc de la localité qui ont à peine caché leur agacement à l’endroit de ce nouveau militant dont ils se seraient volontiers passés et qu’ils n’ont d’ailleurs pas hésité à traiter “d’usurpateur, d’imposteur et d’opportuniste”. Oubliant au passage qu’en politique, l’opportunisme est loin d’être un défaut. Hele Pierre n’en a cure et regarde d’ailleurs avec une certaine condescendance ce qu’il considère comme une vaine querelle de clochers. Son flair politique lui donne raison. A la faveur du double scrutin législatif et municipal de juin 2002, son ancien parti, l’Undp se ramasse une belle gamelle dans le Mayo-Kani et, au moment de la redistribution des cartes, Hélé Pierre est reconduit au Mintour le 24 août 2002. Il entame ainsi une nouvelle aventure gouvernementale après celles de 1978 à 1984 au poste de vice-ministre des Finances, de 1984 à 1985 comme ministre de l’Education nationale, de 1997 à 2000 au ministère de l’urbanisme et de l’Habitat et, depuis 2000, il est le patron du tourisme camerounais. Si Hele n’a pas eu qu’une vie de ministre, il n’a par contre jamais vraiment quitté le sérail. Il débute sa carrière comme chef du service du budget au ministère des Domaines, chef du service du personnel, directeur adjoint de la solde aux Finances et chargé d’études à la Banque centrale avant sa première aventure gouvernementale en 1978. A son départ du gouvernement en 1985, il se retrouve directeur des affaires générales au ministre de l’Enseignement supérieur, puis directeur administratif et financier à l’université de Yaoundé. En 1993, le voilà enseignant de finances publiques à I’ENAM dont il est d’ailleurs un diplômé de la promotion 1973. Licencié en droit public et diplômé de l’institut international d’administration publique (IIAP) de Paris, ce Mundang de 58 ans qui fut maître de chorale ne dédaigne pas une partie de cartes ou de songho entre amis en sirotant ce fameux bil-bil qu’il affectionne tant sous le regard attendrissant de la fidèle Marguerite qui lui a donné sept enfants.

Bienvenue a l’extrême-Nord

Radioscopie d’une province et de ses personnalités incontournables

Aimé Robert BIHINA

Eric Benjamin LAMERE