KAELE

Le Préfet du Mayo Kani interdit des rites initiatiques
L’arrêté du préfet du Mayo Kani interdisant la pratique du rite initiatique dans le département du Mayo Kani marque-t-elle la fin définitive du Goni ou du Labana ? Nul ne le sait pour l’heure. Mais les pratiquants de ces rites initiatiques soutiennent mordicus qu’il n’en est rien. Après l’interdiction formelle de la pratique des rites d’initiation dans le département du Mayo Kani par le Préfet Joseph Otto Wilson en fin mai 2009, les communautés Toupouri, Moundang et Massa sont abois. Et pour cause, elles s’offusquent de ce qu’un pan important de leur culture vient d’être voué aux gémonies de par son interdiction qui fait suite à des affrontements qui ont conduits à la destruction de plusieurs églises fraternelles luthériennes en fin mai 2009 dans le Mayo, confessions les plus répandues dans le département. Un patriarche explique que « ce qui a mis la poudre au feu, c’est que certains hommes d’église ont prêché contre le rite d’initiation qu’on appelle Labana chez les Toupouri et Goni chez les Moundang. Et dans ce domaine où le dogme et le fanatisme sont souvent de mise, la réaction des initiés pour le mépris de cette pratique a été disproportionnelle. D’où les affrontements qui ont suivi ». Manhouli, un patriarche Toupouri de Guidigis raconte que « Le Labana ou Goni est une pratique initiatique commune aux peuples Massa, Toupouri, Mousgoum et Mouseye qui peuplent le Mayo Danay et le Mayo Kani. Ils ont aussi au Tchad. Après l’édition de 1968, elle a été suspendue par l’administration au même titre que certains autres pratiques similaires de l’époque ».
Il fait ainsi allusion aux pratiques comme le Ngondo chez les Duala qui a aussi été interdite par l’administration sans qu’on en donne la raison véritable. Une édition spéciale s’est tenue en 2009 à la faveur du troisième festival des arts et de la culture Massana dénommée « le Tokna Massana ». Cette édition jugée expérimentale ne concernait qui ne vont pas à l’école aux fins d’avoir une masse de jeunes initiés pour une bonne prestation au Tokna Massana. Mais l’on a noté un grand engouement des adultes sevrés de ce rite initiatique depuis 1968 et c’est par centaines qu’ils y ont pris part.