Quand on remonte aux origines du christianisme en scrutant le témoignage biblique, on est frappé par les relations difficiles que Jesus a eues avec les hommes politiques de son temps. Son précurseur, Jean Baptiste, est décapité par Hérode, pour faire plaisir à une danseuse et sauver son honneur. Jésus, lui même, sera condamné à mort par Pilate, un homme politique au service de l’empire romain. Les familiers de la bible se souviendront de cette fameuse conversation entre Jésus et Pilate sur la vérité pendant son procès: alors que Jésus s’évertue à lui rappeler qu’il est venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité, Pilate lui pose cette question: »Qu’est ce que la vérité? »(Jean 18, 37). La question restera sans réponse dans ce dialogue de sourds!
En effet, les élans subversifs de Jésus mettaient mal à l’aise aussi bien les autorités religieuses que politiques de son temps, ce qui lui vaudra la sentence suprême. C’est le prix que paye, jusqu’aujourd’hui, tout ami de la vérité, surtout dans les milieux politiques. Le sort des douze apôtres de Jésus ne sera pas très différent de celui du maitre. Ils seront presque tous martyrisés avec la complicité des hommes politiques. Cette persécution des chrétiens avec la bénédiction des empereurs romains ne prendra fin qu’au début du 4me siècle avec la brusque conversion de l’empereur Constantin au christianisme. Celle ci marque le début d’une ère nouvelle dans les relations entre l’église catholique et le monde politique. Le christianisme va progressivement devenir la religion dominante en Europe, entretenant une relation presque fusionnelle avec le politique pendant des siècles surtout au moyen age. Le déclin de l’influence politique du christianisme commencera à la Renaissance et sera accéléré dans les temps modernes par le mouvement de sécularisation qui a engendré des États laïcs dans des sociétés irréversiblement plurireligieuses.