Douze ans après la réforme de 2000, sa collecte reste une gageure au grand dam des artistes.

Comment se porte les droits d’auteur au Cameroun ? Pour le journaliste Justin Blaise AKONO du quotidien Mutations, le diagnostic est préoccupant. Dans un livre sur les droits d’auteur qu’il annonce dans les prochains jours, il promet de retourner le couteau dans la plaie en dévoilant « qui a saboté le droit d’auteur au Cameroun. »
Le livre, attendu sur les présentoirs des éditions Clé, servira-t-il de thérapie ? Rien n’est sûr. Surtout que le malaise couve dans ce milieu depuis de longues années. La loi du 19 décembre 2000 réformant les droits d’auteur au Cameroun, semble insuffisante. Douze ans après, le ministère des Arts et de la culture (Minac) continue de travailler pour garantir aux artistes des revenus décents et réguliers et les syndicats. Le 17 février de cette année, la même ministre entretenait déjà les exploitants insolvables. Le but de cette dernière rencontre était de sonner la fin de la recréation.

Une insolvabilité désignée par les professionnels du milieu de la culture, comme l’une des premières pesanteurs des droits au Cameroun. Le Groupement inter patronal du Cameroun du Cameroun (GICAM), l’un des patronats camerounais, estime à plus de 400 le nombre d’entreprises qui ne payent pas les droits d’auteur. Dans ce groupe, des insolvables, les entreprises de téléphonie mobile (MTN et Orange) sont particulièrement indexées. Jusqu’ici, des sources proches du dossier des droits d’auteur pour évaluer le manque à gagner généré par ces deux entreprises, avancent le chiffre de 300 millions de francs Cfa par an.

Téléchargements

Sous le vernis des insolvabilités, il se cache une autre pesanteur : le non payement des téléchargements de musiques par MTN et Orange. Une potentielle mine d’or pour ceux des artistes dont les chansons sont sollicitées et téléchargées à longueur de journée. Les téléchargements rapportent plus d’argent que les droits d’exécutions publiques (DEP), jusqu’ici redistribués aux artistes camerounais. Pour mettre la main sur ce pactole des téléchargements, le syndicat camerounais des musiciens (Sycamu) a lancé un plaidoyer national.

Cependant, ces pesanteurs sont entretenues par la grande incompréhension qui règne dans le milieu des droits d’auteur. Deux sociétés se disputent le seul agrément disponible pour la collecte des droits d’auteur musicaux. En fait, l’agrément, d’abord détenu par la Cameroon music corporation (CMC), lui a été retiré par la ministre Ama Tutu Muna en 2008 au profit de la société civile camerounaise de l’art musical (Socam). Bien que la légalité de cette décision ait été remise en cause par la Cour Suprême, la SOCAM continue d’exercer. Une planche de salut pour les entreprises insolvables qui profitent de la situation pour ne pas payer.

Michel Ange NGA