L’exploitation, le raffinage et la distribution du pétrole
Ainsi que aimait à le dire Jean Baptiste Nguini Effa, l’ancien directeur général de la Société camerounaise des dépôts pétroliers (Scdp), «la trilogie pétrolière se compose de trois maillons : l’exploration et la production, d’une part, le raffinage et le stockage, d’autre part, et enfin, la distribution». Autant de tâches qui mettent en action plusieurs intervenants, Au commencement de cette chaîne se trouve d’abord la Société nationale des hydrocarbures (Snh). Véritable cheville ouvrière du secteur pétrolier camerounaise, c’est à cette entreprise publique très stratégique que revient la supervision de l’exploration et de l’exploitation de l’or noir, lesquels travaux sont confiées à des multinationales occidentales avec lesquelles la Snh signe des contrats d’exploration ou de partage de production. Après extraction, la Snh se charge de vendre la production nationale sur le marché international, puisque, soutiennent les experts, le pétrole brut extrait du sous-sol camerounais, de par sa qualité, ne peut être raffiné par la Société nationale de raffinage (Sonara).
Pour approvisionner le marché local, la Sorara, qui reçoit diverses subventions de l’Etat, est donc obligée d’acheter du pétrole brut sur le marché international. Le produit est ensuite convoyé par bateau, pour être traité dans l’usine de Limbé, dans la région du Sud-Ouest.
Intervient alors la Cameroon Shipping Line (Camship), dont le rôle est de transporter les produits raffinés de l’usine de la Sonara pour le port de Douala, où ils sont stockés dans les cuves de la Société camerounaise des dépôts pétroliers. Cette société majoritairement à capitaux publics, bien que l’actionnariat intègre des marketeurs, etb qui perçoit en guise de rémunération des droits de passage des produits, dispose de cuves de différents gabarits dans les villes de Douala (pour approvisionner la région du Littoral, celle du Sud-Ouest étant directement approvisionnée par la raffinerie de Limbe, Yaoundé (afin de ravitailler la région du Centre), Bafoussam (ravitaillement des régions de l’Ouest et du Nord-Ouest), Belabo (approvisionnement de la région de l’Est), Garoua et Ngaoundéré (pour mettre les produits pétroliers à la disposition des populations de la région septentrionale du Cameroun).
Mais en dehors du stockage des produits raffinés et de la stabilisation de la distribution des produits pétroliers grâce à sa présence dans les zones les plus reculées du pays, la Scdp doit garantir la qualité des produits mis à la disposition des consommateurs (lutte contre la contrebande), et fournis des statistiques aux administrations fiscale et douanière pour un meilleur suivi de l’activité de ces deux structures dans le secteur de la distribution des produits pétroliers. Enfin, la Scdp veille au respect de la réglementation en matière de stock de sécurité. C’est-à-dire la quantité de produits pétroliers devant être disponibles de manière permanente dans les cuves et même dans toutes les stations services du pays, afin d’être utilisée dans des circonstances exceptionnelles.
Précision : les produits pétroliers stockés par la Scdp appartiennent aux markteurs (oilybia, Total, Tradex, Socaepe, Texaco, Petrolex, etc.), qui les convoient ensuite des dépôts de la Scdp vers les différentes villes du pays, soit par voie terrestre grâce à des camions citernes généralement loués chez des opérateurs privés, soit par voie ferroviaire (Camrail), notamment pour les cargaisons à destination des trois régions septentrionales du Cameroun (Nord, Adamaoua, Extrême-Nord). Ces produits pétroliers sont ensuite progressivement mis à la disposition des stations service, pour les besoins de consommation des populations.
Afin de réguler ce secteur d’activité dans lequel interviennent plusieurs acteurs, l’Etat a crée en 1998 la Caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures (Csph). De manière globale, explique-t-on à la Csph, cette structure a pour mission principale « de prendre en charge totalement ou partiellement les augmentations des prix des produits pétroliers dans la mesure de ses possibilités financières. Au plan technique, elle procède par deux mécanismes : la péréquation et la stabilisation ». Alors que la stabilisation consiste « à maîtriser les prix intérieurs grâce aux prélèvement opérés sur les consommateurs en vue de constituer des réserves susceptibles de faire face à des variations des prix à l’importation », la péréquation, elle, consiste à garantir aux distributeurs des marges bénéficiaires dans les zones peu rentables (enclavées et éloignées de la raffinerie) à travers par exemple la prise en charge des coûts de transport.