MENGONG
Mengong ce 23 février 2005 à 15h. La petite ville, ou plutôt te gros village d’à peine 2000 âmes, chef-lieu de l’arrondissement éponyme vit des heures calmes. A la gare routière, quelques personnes étanchent lei soif dans des débits de boisson. Les plus fortunés s’offrent une bouteille de bière, tandis que les petites bourses se contentent d’un peu vin de palme, bon marché ici. Des hommes se livrent à une partie de Songo, un jeu de société que le président de la République pratique avec une passion toute particulière. Le sous-préfet de l’arrondissement, de même que des enseignants, y montrent une adresse remarquable. A propos de Gifles Roger Belinga, fils du terroir, peu de choses filtrent jusqu’au moment où s’empare de la ville une rumeur sur le pillage de la ferme avicole qu’à Ndoungou, son village natal, on attribue à ce notable citadin. Rumeur vite démentie par le commandant de la brigade territoriale de gendarmerie, qui s’est retrouvé à un moment au commercial de Mengong.
Il faut dire que dans l’arrondissement, Cilles Roger Belinga n’est pas n’importe qui. [a splendeur actuelle de Mengong lui est en grande partie due. Près des maisons d’une beauté passable et des cases en terre battue, les constructions les plus imposantes du coin portent, d’une manière ou d’une autre, sa marque. Avec sa centaine de chambres, l’imposant Complexe hôtelier Rose Juliette et Florine – des prénoms de sa mère et de son épouse – ferait pâlir d’envie beaucoup de milliardaires des tropiques. Un grand bâtiment de briquettes rouges, une toiture forte, un jardin luxuriant. Un cadre de rêve avec vue prenante sur le lac voisin. Une attraction qui se dresse, avec audace, dans cette contrée où la condition des villageois permet rarement plus que de misérables chaumières.
Le camp des fonctionnaires, que l’ex-directeur général de la Sic a également bâti, est une petite merveille que le village admire, de la même manière que les étudiants le font pour les mini-cités que certains hauts fonctionnaires de la République ont construites à Soa. Une cité de fonctionnaires pour l’instant inoccupée. Un joyau architectural en pleine campagne, que coiffe une couronne de bougainvilliers et de plantes décoratives. Une petite merveille, qui occupe une surface près de 1000m2 et compte une dizaine d’appartements et met sous l’éteignoir tous les autres bâtiments, notamment ceux occupés par les services publics de cet arrondissement situé à 30km d’Ebolowa, I chef-lieu du départe nt de la Mvila.
A l’attention du visiteur impressionné, un habitant du village insiste pour dire que le complexe ne représente rien à côté du «château de Ndoungou», sans cesse reconstruit depuis une dizaine d’années, dans le village natal de Gilles Roger Belinga, qui se situe à 8km de Mengong, sur la route qui mène à Sangmélima, via Mfouldaja. 100 chambres, au cœur d’un domaine qui compte, entre autres, une briqueterie, mais aussi un complexe sportif, baptisé «Belinga Ndongo Petit». Ici, les terrains de football, de basket-ball, de hand-ball et de lawn-tennis témoignent d’un rêve d’évasion. Le « Mini Hilton de Ndoungou», comme l’appellent les riverains, doit son sobriquet au génie de ces nombreux points de vue qui font un parallèle entre ceci et l’implication de l’ex-Dg de la Sic, maire de la localité et président de la section Rdpc de MengonglMvangane, dans le projet de construction du Yaounde Hilton Hotel, dont il a été l’un des maîtres d’oeuvre.
Mengong doit pratiquement tout à Gilles Roger Belinga. «Pour Mengong, c’est fini, Il était au début et à la fin de tout dans le village», proclame un notable manifestement affligé. II parle d’une conférence de section Rdpc prévue pour le 4 mars prochain. Qui n’aura pas lieu, le principal pourvoyeur des agapes étant empêché.
« C’était le pilier de la ville. Les autres élites s’en fichent», renchérit une dame d’un certain âge et qui, comme la plupart des habitants du village,
pas souhaité évoquer avec nous tous les investissements de Gilles Roger Belinga à Mengong. Même si, entre deux rasades de vin de palme, on a appris que la générosité de l’ancien Dg de la Sic a amené les populations à le préférer au général René Claude Meka, qualifié ici de grippe-sou. Un vrai pingre, par rapport à ce désormais prisonnier de luxe qui, en outre, a offert à son village une huilerie pour presser les régimes de noix issus de sa palmeraie qui s’étend à perte de vue, des étangs qui fonctionnent tant bien que mal, une grande porcherie d’une centaine de têtes, une ferme avicole qui abrite des milliers des poulets. Une fortune personnelle qui n’a peut-être pas encore tout révélé…
Francky Bertrand Béné
Ressourcees humainees
ELA EVINA, DG CENEEMA ;
Gilles Roger BELINGA, Ancien DG SIC ;
Général René Claude MEKA, Chef d’Etat Major des Armées (CEMA)