C’est une ligne. Juste une ligne dans le curriculum vitae de cet administrateur civil principal. Mais elle accroche irrémédiablement le regard : août 1977 à décembre 1982 : attaché, puis chargé de missions auprès du Premier ministre. Un retour vers le passé permet de réaliser que la route de Mohamadou Talba a croisé celle de Paul Biya durant le séjour de ce dernier à la Primature de 1975 à 1982. Mieux, le premier se targue d’avoir été tout ce temps le proche collaborateur du second. Et comme pour convaincre pour de bon son interlocuteur, il ajoute un rien crâneur: « mes relations avec Paul Biya étaient si bonnes qu’il m’a nommé secrétaire général du ministère des Transports en décembre 1982. Soit un mois après son accession à la magistrature suprême »

Pourtant, à la faveur du retour au multipartisme notre « SG » bascule dans l’opposition et bat le pavé pour réclamer le départ de son mentor. Une question somme toute logique coule alors de source : qu’est-ce qui a bien pu provoquer le divorce entre es deux?

A l’auteur de ces lignes qui le presse par cette interrogation dans son vaste bureau du ministère du Développement industriel et commercial, Mohamadou Talba dans un sourire malicieux se borne à répéter: « c’est entre lui et moi. Et s’il y a une tierce personne au courant c’est l’un des secrétaires généraux adjoints de la Présidence ».

Une chose est sûre, chez les Talba depuis le retour du pluralisme, la pensée unique est morte et enterrée. Avec d’une part, cet hiérarque de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp) et d’autre part, son cadet Ibrahim ponte du Rdpc. Comme les trajectoires des enfants d’un même père, formatés dans le même moule peuvent être différentes.

Mohamadou Talba, né le 16 Mars 1948 à Maroua a eu un parcours classique des enfants de la nomenklatura d’une certaine époque études secondaires au Lycée de Garoua de 1961 à 1968, couronnées par un Bac A4; études supérieures à l’université de Yaoundé sanctionnées par une licence en droit et en sciences économiques en 1973, avec en bout de piste, l’Enam d’où il sa en 1975.

La carrière professionnelle commence aussi tambour battant. Car dès Janvier 1976, l’énamarque est chef du service des financements au ministère de l‘Economie et du plan, avant d’être appelé par le Premier ministre, Paul Biya en août 1977. La nomination au poste de secrétaire général du ministère des Transports inaugure une espèce de contrat à longue durée avec cette fonction qu’il occupera aussi au ministère des Postes et Télécommunications de juin 1987 à août 1989 enfin au ministère du Plan et de l’Aménagement du territoire jusqu’en août 1992.

Arrivé à ce stade on ose alors une hypothèse : et si Mohamadou Talba avait rallié l’opposition parce qu’il en avait après Paul Biya qui l’avait « scotché » si longtemps au poste de secrétaire général de ministère ? Simple supputation de journaliste ou décryptage vraisemblable? Mystère.

L’homme va en tout cas, dès les années de braise, jouer les premiers rôles au sein de l’Undp dont il est membre fondateur. Ceci expliquant sans doute cela, il y a un trou dans sa carrière de 1992 à 1999. Car ce n’est que cette année-là, au mois de juin, qu’il retrouve les salons feutrés de la haute administration, dans les charrettes de son Président national Maïgari Bello Bouba nommé ministre d’Etat chargé du Développement industriel et commercial lors du remaniement ministériel du 07 décembre 1997. La dernière actualité révèle néanmoins quelques bisbilles entre le ministre d’Etat et son inspecteur général pour ne pas dire entre le leader de l’Undp et son camarade du comité central. Car ce dernier s’affiche de plus en plus avec ceux qui contestent les méthodes de Bello Bouba et notamment les résultats de la plateforme Undp-Rdpc.

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Radioscopie d’une province et de ses personnalités incontournables

Aimé Robert BIHINA

Eric Benjamin LAMERE