MOUKO
A sept kilomètres de Bafia, sur, l’axe qui mène à Bokito aux confins de Kiiki, le village Mouko se dresse fière ment. Jean Ernest Ngomo, docteur en pharmacie et directeur général de la Société industrielle des produits pharmaceutiques, fils de la localité, n’est pas peu fier de vanter les mérites de ses ancêtres Mouko qui, souligne avec force Jean Ernest Ngomo, ont résisté de longues années à la pénétration allemande dans le grand Mbam. «Nos ancêtres étaient des grands guerriers. Dans les années 1870, ils ont livré une bataille sans merci aux armées du Major Hans Dominik. Ils ont infligé de nombreuses pertes aux troupes allemandes. Il a fallu une trahison pour que les Allemands reprennent le dessus et les soumettent», explique le pharmacien qui ne dédaigne as venir se ressourcer au village.
En fait selon Baroung à Baban, actuel chef du village, le secret des victoires des Mouko résidait dans une toile d’araignée sur laquelle les guerriers se juchaient pour atteindre les soldats allemands qui ne pouvaient les voir. Vérité ou légende? En tout cas, Jean Ernest Ngomo – «Sylanus» lorsqu’il est au village – y croit dur comme fer.
Vaincus par les Allemands, les Mouko doivent se soumettre aux nouveaux maîtres. Touché dans son orgueil allemand, le Major Hans Dominik fait déporter à Yaoundé, les quatre principaux généraux des Mouko. «Ces grands guerriers, Mmira à Totock, Abouem, Zock Araka, et Iroung ont finalement disparu à jamais. Mais avant de mourir, ils ont pris le soin de convoquer dans leur prison, Baban à Beyeck à qui ils confièrent la garde du village», racontent un ancien de Mouko. La fin de la première Guerre mondiale vient mettre un terme à la domination allemande.
C’est le début de la colonisation française et de la domination des Mouko par le chef supérieur Machia (Machiane en langue Bafia). «Le chef Machia considérait le village comme un quartier de sa chefferie. C€ qui ne plaisait pas aux Mouko qui ne se trouvaient aucun a parentement avec les Bafia. En fait, les Mouko sont des Nyoko à l’origine», rappelle Jean Ernest Ngomo. Pour ne plus subir la domination des Bafia, les ancêtres du pharmacien engagent des
démarches auprès du chef de la subdivision du Mbam «Dans leur mémorandum, les Mouko expliquent au chef de subdivision qu’ils n’ont rien à voir avec les Bafia Dang. Ce que contestait la partie Bafia. Pour trancher ce litige, M. Rely, le chef de subdivision de l’époque a l’idée d’organiser un concours de langue. Aussitôt, les Mouko se mettent à parler leur langue Nyokon d’origine que le chef supérieur Machian est incapable de traduire», rapporte-t-on à Mouko.
En cette année 1934, Mouko devient un village «indépendant». Aujourd’hui, c’est une contrée d’environ 3000 âmes bien dotée en matière d’infrastructures. «Nous avons un Ces, trois écoles publiques, une école maternelle, un centre de santé intégré, quatre points d’adduction d’eau potable et un réseau Scanwater», confie jean Ernest Ngomo. Non sans dire que le village a livré à la République de nombreux cadres dynamiques dont Moïse Ngae à Moubeke, André Koung à Yombi, Mira à Dang, jean Pierre Amang, Angeline Ngomo, Zock à Moubeke, Nta à Bitang…
Franck B. Berie