Il appartient aujourd’hui à la génération des hommes politiques qui font figure de parrain dans le Mayo-Kani. Né à Kaélé en 1950, s’il a affiché une intelligence largement au-dessus de la moyenne durant sa scolarité, il a mis du temps à tutoyer les sommets.

Après l’obtention de son baccalauréat D, il s’en va arpenter les amphithéâtres de l’université de Yaoundé. Ses années de faculté sont couronnées par une licence en biologie. Il s’oriente ensuite vers l’enseignement dans un contexte où nombre de ses «frères » de la région embrassent davantage les filières de haute administration ou de l’armée.

Un séjour de deux années à l’Ecole normale supérieure voilà Tikela Kemone professeur de biologie. Commence alors tango qui fait le destin des fonctionnaires : affectations, mutation, nominations. Le jeune « prof » s’en va donc dispenser les sciences naturelles au lycée Leclerc, puis au lycée de Garoua et celui de Bonabéri où il va connaître sa première promotion. Censeur en 1978. En 1982, il retourne au village en grandes pompes, nommé proviseur du lycée de Kaélé. Il pavoise. Au font de lui-même, Tikela Kemone se croit déjà arrivé. Tout au plus le poste de délégué provincial de l’Education traverse-t-il son esprit dans ses rêves les plus fous.

Et vint le 06 Avril 1984 et ses conséquences : l’impérative incorporation de nouvelles et jeunes têtes dans l’establishment. La vie de Tikela Kemone bascule un jour de Juillet 1984. Le proviseur de « brousse » est convoqué sous les ors du palais de l’Unité. Dans une atmosphère de «nettoyage des écuries » une convocation en haut lieu n’est pas d’emblée de bonne augure. Tikela Kemone entre donc au Palais la peur au ventre, il en ressort la joie au cœur. Car il s’est vu signifier par le chef de l’Etat son entrée au gouvernement comme vice-ministre des Finances. A la faveur d’un réaménagement en 1985, il poursuit son bail aux Finances comme secrétaire d’Etat. Il déménage en 1988 pour occuper le secrétariat d’Etat à l’Agriculture. Mis à la touche, il va vivre comme une disgrâce avant un retour en cour en 1993 comme conseiller technique à la présidence de la République chargé des Affaires économiques. Et comme on ne prête qu’aux riches, il hérite au passage de la présidence de la Commission nationale de passation des marchés publics et grappille aussi dans la foulée le poste de président du conseil d’administration de l’Office national de développement des forêts (Onadef).

Mais seule sa fonction de conseiller technique court toujours. li n’a pas non plus fait du surplace dans le parti de ses amours le Rdpc puisqu’il en est membre du comité central et personnalité ressource.

Néanmoins, cet homme qui aime rouler les mécaniques et raffole des plaisirs de la table, entretient des relations contradictoires avec les siens dans le Mayo Kani. Certains l’aiment passionnément, d’autres le détestent cordialement au point où ces derniers ont fait la fête à Kaélé lorsqu’une rumeur l’a donné pour mort. Vraie fausse nouvelle bien sûr. Tikela a-t-il comme l’autre donné rendez-vous à ses détracteurs dans une vingtaine d’années?

Bienvenue a l’extrême-Nord

Radioscopie d’une province et de ses personnalités incontournables

Aimé Robert BIHINA

Eric Benjamin LAMERE