Zamengoé, un sanglier dans le raphia.

Déjà, lors du coup d’Etat manque du 6 avril 1984, plusieurs personnes partaient de Yaoundé pour Zamengoé dans l’espoir de trouver protection auprès du contingent des forces armées en poste ici. «Il y avait une base militaire dans le coin, du fait de la construction de la route Yaoundé-Okola par le Génie militaire. C’était un endroit sûr. En plus, c’est ici que les premiers para commandos ont été largués pour écraser le soulèvement», confie l’ancien commissaire de police. Depuis des décennies, un autre détachement de l’armée est présent pour assurer la a sécurité de la station terrienne qui a fait connaître Zamengoe.
Le nom Zamengoe est issu des langues béti. Il est composé de deux mots «zam», le raphia et «ngoé», le porc pris ici au sens du «porc sauvage», c’est-à- dire de sanglier. Zam è ngoé signifie donc littéralement le «raphia du sanglier». Le nom a été attribué à un petit cours d’eau qui coule entre les villages Ngoya et Leboudi, jadis repaire de sangliers. Les femelles de ces animaux avaient pris l’habitude de mettre bas entre les raphias, à proximité de la rivière. Il existe par ailleurs, ici, une espèce fougère en voie de disparition qui porte également le nom de «zam è ngoé».
Il a fallu trouver un nom à ce lieu après que les Américains ont effectué des tests, entre 1972 et 1 974, dans le cadre du projet de construction d’une station terrienne de ce qui était alors Intelcam. Les autochtones interrogés déclarèrent alors que la rivière qui circule à l’endroit s’appelle «Zam è ngoé», dont la transcription a donné Zamengoé. Ce nom a été choisi pour désigner la zone d’implantation de, la station terrienne. La renommée de cette dernière a fait que l’appellation Zamengoé soit aujourd’hui plus connue. Zamengoé n’est en
effet pas un village au sens administratif du terme. C’est une zone comprise entre les villages Ngoya et Leboudi, qui dépendent de l’arrondissement d’Okola (département de la Lékié, province du Centre). La grande majorité des autochtones appartiennent à l’ethnie éton.
Le chef de groupement, Jean Nkolo Ewodo, affirme que «le mouvement des populations a toujours été très timide ». A coté des autochtones, plusieurs
personnes se sont installées dans le campement militaire et qui y sont restées après son démantèlement. Avec l’extension de Yaoundé, Zamengoé abrite aujourd’hui des ressortissants d’autres ethnies du Cameroun (bassa, mbo, bamoun). «La recherche de survie entraînait des regroupements autour du chef. Les personnes en quête de sécurité et de nourriture venaient vers le chef, qui les accueillait et les aidait. Peut-être à cause de son enfance difficile, puisqu’il a été orphelin à 4 mois. On a grandi avec des gens qu’on prenait pour nos frères. Beaucoup sont restés. Ils sont considérés comme des membres de la famille et, partant, comme des locaux», révèle Jean Nkolo Ewodo. L’activité principale de ces populations est l’agriculture des zones forestières (manioc, banane plantain, pistache, safou, mangue…). Tous les jours, des véhicules chargés de produits vivriers et venants de Zamengoé se dirigent vers la capitale pour alimenter les marchés de Mokolo, Melen et Mfoundi. «Nous envisageons la création d’un marché périodique; nous en avons déjà discuté avec le maire et cherchons actuellement un espace pour cela. Au lieu de se déplacer pour Yaoundé, les commerçantes vendront leurs produits sur place et ne prendront plus de risques en allant dormir au marché Mokolo. Ce sera le mouvement inverse : les gens partiront de Yaoundé pour ici », indique jean Nkolo Ewodo. Un autre projet visant à attirer des populations est en cours d’exécution. Un promoteur immobilier, estimant que Zamengoé était propice pour le développement de cette activité, a pris la construction de plusieurs logements semblables aux maisons individuelles de la société immobilière lu Cameroun (Sic). Quelques hectares terrain lui ont été dés pour cela, et an Nkolo Ewodo se que «l’arrivée
des familles va contribuer à l’évolution du coin et permettre à la communauté d’avancer sur divers plans». On regrettera néanmoins que le projet évolue timidement, à cause d’un problème immatriculation du terrain.
Ce n’est cependant le premier projet d’envergure que connaît Zamengoé. Au-delà de la station terrienne et du bitumage route, le pipeline Tchad-Cameroun traverse la localité. La d’œuvre locale a été sollicitée, et des compensations versées pour cause de destruction de plantes ou l’occupation de terrain sur l’emprise de l’oléoduc. Ce q aux populations dédommagées de relever leur niveau de vie. Il était aussi prévu le versement d’une compensation communautaire orientée vers la construction de salles de classes pour le lycée et d’une aire de jeu. Les salles de classes ont été réalisées tandis que le stade, « confié à des mains inexpertes, reste attendue groupement affirme néanmoins avoir reçu récemment la visite du comité de pilotage. Ewodo estime que «les résultats du pipeline sont globalement ni que le développement n’a pas suivi ». A titre d’illustration, il manguier peut nourrir de plusieurs années, alors que l’argent octroyé suite à sa coupe ne permet de vivre que sur une courte période ». Malgré cette déception, l’ancien délégué provincial de la Sûreté nationale pour le Centre reste contenir de la localité : «Nous pelés à nous développer, des écoles, un lycée, des santés construits par l’élite sans fonds publics, des postes agricoles… l’élite est organisée et soudée. Je l’exhorte à rester pour le bien de notre communauté.»