BETARE OYA
La vieille mairie ne roule pas sur l’or

La ville de Bétéré Oya grandit tout doucement. Ces dernières semaines Me Justin Adamou Iya huissier de justice et maire de la commune rurale s’échine à achever sur t fonds propres l’établissement hôtelier de douze chambres que l’exécutif municipal bâtit sur les hauteurs de la ville. La bâtisse, achevée aux trois quarts, s’impose déjà dans le paysage pittoresque de Bétaré Oya.
«C’est pour urbaniser la ville», dit-il d’entrée de jeu, pour expliquer un projet qu’il espère bien achever d’ici quelques mois. Créée en 1929 par l’administration coloniale française, Bétaré Oya n’a pas encore achevé sa transformation en cité urbaine.
Conscient de cet état de choses le maire de cette commune rurale, sise au nord du département du Lom et Djérem, à 1 70km de Ber toua et à 100km de Garoua Boulaï, veut accélérer les choses.
Un plan de développement communal a déjà été élaboré à cet effet avec le concours de la SNV, l’agence de coopération néerlandaise. L’édile a pour cela recensé une série de projets devant être réalisés dans les quinze prochaines années.
Mais la commune rurale de Bétarè Oya, d’une superficie de 12 000 Km2 et qui abrite quelques 65 000 habitants et 63 villages, a de nombreux besoins. D’abord en infrastructures routières. Malgré le bitume qui connecte Bétarè Oya-ville à Bertoua, l’arrondissement demeure très enclavé. Pour le démontrer, Justin Adamou Iya cite les axes routiers Bétaré Oya-Mbitom, Doyokongolo, Bétaré Oya-Mbangbel, Bétaré Ngoura, Mbangbel Gaorua, Boulaï, Mbangbel-Kissi-Moïnam, avec des routes en très mauvais état et non entretenues. Pis, la commune rurale, faute de pont sur le Lom à Tourakè, à 10 Km de Bétaré Oya, est coupé en deux. Le bac qui desservait l’autre rive du fleuve, a coulé , il y a quelques mois sous le poids d’un grumier appartenant à la société Tagne Djodom, qui exploite une forêt dans la région. «Notre combat est qu’une route joigne Mbitom en passant par Bétaré Oya, pour nous rapprocher de Bélabo qui est plus près de chez nous que Bertoua. Et nous éviter de longs détours. Les populations du canton de Mbitom, dans l’arrondissement de Bétaré Oya, sont aujourd’hui préoccupées par l’enclavement qui compromet considérablement le développement de leur localité.» Faute de route les reliant à la ville de Bétaré Oya, le chef-lieu de l’arrondissement, les habitants de Mbitom et de ses environs, pour 1a plupart de dynamiques agriculteurs et éleveurs, éprouvent d’énormes difficultés à écouler leurs produits. Elles espèrent le désenclavement de la zone, par la construction de la route Mbitom-Bétaré-Oya. Cette voie est attendue avec d’autant plus d’intérêt qu’elle ouvrirait aussi le canton et les
villages voisins de la République centrafricaine et du Tchad à la voie ferrée Bétaré-OyaNgaoundéré.
La commune rurale de Bétaré Oya, c’est aussi les problèmes d’approvisionnement en eau potable qui fait cruellement défaut dans la contrée, mais aussi et surtout l’absence de toute 1forme de communication téléphonique. A Bétaré Oya et ses environs, ni Camtel ni Orange, encore moins MTN, ne sont visibles. Plus grave, les populationssont privées de tout signal Crtv et télé. Ce à quoi il faut ajouter l’incivisme fiscal, les commerçants se faisant prier pour s’acquitter de l’impôt libératoire.
Heureusement que l’or abonde dans la région, plus précisément dans la rivière Mbal où se concentre principalement l’exploitation. «Les villageois ne vivent que de ça. Paradoxalement ça freine le développement de la région», se plaint le maire de la vil le Car l’exploitation de l’or se fait dans l’anarchie la plus totale. Et mobilise tous les bras les plus forts, qui délaissent tout pour l’orpaillage. Une entreprise coréenne « Afco » s’essaye dans l’extraction moderne Les atouts économiques, Bétaré Oya (Bétaré Ouaya» en gbaya, du nom du patriarche fondateur du village qui vivait sur l’actuel site de la mairie) n’en manque pourtant pas. Située à mi-chemin entre le Grand Sud et grand Nord du Cameroun, la commune rurale est un terreau fertile du manioc, de l’arachide, du maïs et du café. C’est également la terre de prédilection des éleveurs
peuls et bororo, qui viennent y faire paître leurs troupeaux en saison sèche. Sans heurts avec les Bayas (90% de la population), les Haoussas et les Képérés. De grands marchés de bétail, qui constitue l’essentiel des recettes municipales
et dont Ndokayo est la plus grande illustration, abondent d’ailleurs dans la zone. Parmi les potentialités du coin, le maire de Bétaré Oya cite volontiers les forêts et les sites touristiques. Les chutes du Mali, de Pangar, les grottes de Monaï,
les marchés périodiques, la mission catholique Notre Dame de Lourdes (Bétaré Oya), les plages du Lom sur lesquelles paissent à longueur de journée les hippopotames, les collines à la végétation luxuriante, etc. sont susceptibles de séduire le touriste le plus exigeant. «Ici encore, se pose l’épineux problème de l’accès à ces si tes», se plaint le maire.

BETARE OYA EN BREF
Situation géographique :
Bétaré –Oya est situé dans le Nord du département du Lom
Et Djérem. Il est limité au Sud
Par l’arrondissement de Bertoua, au Nord par le département
Du Mbéré, à l’Ouest par Bélabo, à l’Est par l’arrondissement
De Garoua Boulaï et la République centrafricaine.
Exécutif
Municipa l (Rdpc)
Maire : Me Adamou Iya Justin; 1er adjoint : Gado NdoyamaJean,
2ème adjoint : Sanda
Hamadjoulde
Population : 650 000 habitants environ avant le dernier reecensement, composée 90% de Bayas puis de Haoussas, Peuls, Bororos, Képérés.
Administration territoriale : sous-préfecture de 63 villages
Principaux villages : Bétaré-Oya, Ndakayo, Mboroungou, Bouli, Mararaba, Kolongo, Mbitom, Dang Patou, Tête d’éléphant
Education : 33 écoles primaires, 4 écoles maternelles, un lycée d’enseignement général, une technique industrielle et commerciale
Santé : 1 hôpital de district, 5 centres de santé.