Sa biographie officielle au chapitre des études est relativement pauvre comparée à la richesse de sa carrière politique et administrative. On peut lire: né en 1945 à Maroua, il suit ses études primaires à l’école principale de Maroua de 1953 à 1958. Il entre au lycée de Garoua en 1958. En 1962 il passe le concours de l’Enam. Pas une ligne de plus.

Son ascension dans les cercles du pouvoir quant à elle commence par un poste de premier adjoint préfectoral à Yagoua, se poursuit avec le titre de chargé de mission à la présidence dès mai 1972. Il va s’asseoir à la table du gouvernement à partir du 30 juin 1975 à la faveur de sa nomination comme vice-ministre des Finances, Il abandonne son costume de jeune second lorsqu’il va prendre ses quartiers au ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat le 8 novembre 1979. Les mutations dans l’appareil de l’Etat à partir de 1982 aboutissent à la mise en réserve de la République d’Hamadou Moustapha parmi d’autres.

Il va alors connaître sa traversée du désert, passage commun des hommes politiques. Il ronge son frein pendant une décennie, jusqu’à ce qu’il s’engouffre dans les vannes de l’ouverture démocratique des années 90. Membre fondateur de l’Undp. Du haut de la vice-présidence du parti, il est de ceux qui manoeuvrent pour éjecter Samuel Eboa et offrir sur un plateau en or la présidence à Bello Bouba qui revient d’exil. Mais leurs amours saisonnières vont voler en éclats à cause du choc des ambitions. Lorsqu’aux lendemains de la présidentielle d’octobre 1992 Hamadou Moustapha retrouve son douillet cabinet de ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat avec en prime un bonus protocolaire puisqu’il est vice-premier ministre, Bello Bouba enrage et l’exclut de l’Undp en même temps que Issa Tchiroma nommé ministre des Transports. Les deux indésirables s’en vont créer l’Alliance nationale pour la démocratie et le progrès (Andp).

En dépit d’une flamboyance affichée et d’une nette volonté de chasser sur les terres de Undp, I’Andp apparaît vite comme un ballon de baudruche qui va se dégonfler au fil des mois. Après la présidentielle d’octobre 1997 Hamadou Moustapha qui à l’évidence ne pèse plus politiquement croise son ennemi intime Maïgari Bello Bouba à l’entrée du gouvernement.

Le président de l’Andp tente de rebondir en lorgnant le siège de député de Maroua urbain lors du double scrutin municipal et législatif du 30 juin 2002. Pendant la campagne électorale, il ne draine pas les foules. Sa défaite ne surprend donc personne. Et les langues de se délier: les populations ne pardonnent pas à l’ancien Minuh d’avoir laissé mourir deux fleurons de ses investissements à caractères sociaux: la clinique Kaliao et le collège de l’Espoir désormais habités par la broussaille et des sans domicile fixe. Le propriétaire aurait opposé une fin de non recevoir à l’offre d’achat de l’Eglise catholique. Immense gâchis.

Hamadou Moustapha après son échec aux législatives joint sa voix au concert de revendications de la dynamique du Grand-Nord. Des problèmes de santé le contraignent malheureusement à quitter l’avant scène. Revenu requinqué de son évacuation sanitaire en Europe, il s’est, à la grande surprise de ses compagnons, muré dans un silence total. Faisant le mort. Sûrement sa façon à lui de renvoyer l’ascenseur à Paul Biya qui aurait pris en charge ses frais d’évacuation sanitaire. En tout cas, les militants qui croient encore en lui se sentent orphelins avant l’heure.

Bienvenue a l’extrême-Nord

Radioscopie d’une province et de ses personnalités incontournables

Aimé Robert BIHINA

Eric Benjamin LAMERE