e centre Simon-Wiesenthal a réclamé au ministre de l’Intérieur le changement de nom de ce lieu-dit du Loiret.
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C’est le nom d’un lieu-dit de la commune de Courtemaux, dans le Loiret. Shimon Samuels, directeur des relations internationales du centre Simon-Wiesenthal, l’organisation non gouvernementale qui tient son nom du chasseur de nazis renommé, a envoyé lundi au ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, un courrier demandant «le retrait, dans les meilleurs délais, de ce nom génocidaire et son remplacement par un patronyme plus accueillant pour tous».

Le fondateur de l’antenne européenne du centre Simon-Wiesenthal s’étonne que l’endroit n’ait pas été autrement baptisé ni à l’époque napoléonienne, ni à la Libération. «Le fait que ce nom se soit maintenu à l’époque napoléonienne de l’émancipation des Juifs de France est quelque peu étonnant. Qu’il soit passé inaperçu pendant les soixante-dix ans qui ont suivi la libération de la France du national-socialisme et du régime de Vichy est extrêmement choquant», écrit-il. Comment l’ONG a-t-elle eu connaissance de l’existence de ce lieu? «Ce sont les annonces immobilières qui ont attiré notre attention», répond le directeur. Le courrier évoque ainsi «la crise économique» qui a rendu des logements vacants dans le hameau. «La recrudescence actuelle de violentes expressions publiques d’antisémitisme nous met mal à l’aise face aux motivations qui incitent des personnes à résider à une telle adresse», souligne la lettre adressée à Bernard Cazeneuve.
Droit de passage

La Mort-aux-Juifs est l’un des nombreux hameaux de la commune de Courtemaux, dans le Loiret, qui compte aussi, notamment, Les Havards, Les Jobarts, Les Renards, Les Rogers ou encore Les Cocus… Le lieu-dit n’est toutefois indiqué «ni sur la route, ni dans les adresses, ni sur le bottin», explique Emmanuel Courcier, l’habitant de la ferme qui, avec quatre maisons, constitue le hameau. Mais ce n’est pas la première fois qu’est évoquée la possibilité de changer ce nom. L’adjointe au maire de Courtemaux, Marie-Élisabeth Secretand, réélue en mars pour la quatrième fois consécutive, se souvient: «Un peu avant mon premier mandat, les gens voulaient que cela change.» Emmanuel Courcier évoque aussi une délibération à la mairie «il y a une vingtaine d’années». «Déjà sous Giscard, j’avais envoyé une pétition au député, Xavier Deniau, qui avait fait remonter au ministre de l’Intérieur notre demande.» Sans succès. «Je n’avais pas l’intention de renouveler cette démarche, cela ne nous dérange plus, maintenant que le nom n’apparaît plus nulle part, sauf sur les documents officiels», explique-t-il.

Selon le centre Simon-Wiesenthal, cette appellation «remonte peut-être aux pogroms qui accompagnaient les croisades au XIe siècle et ont abouti à l’expulsion des 110.000 Juifs de France ordonnée par Philippe le Bel en 1306». De mémoire locale, le nom du hameau loirétain s’expliquerait différemment: il y a plus de 600 ans, la ferme principale était longée par un chemin emprunté par les maquignons, qui devaient, se dit-il, payer un droit de passage. Ses habitants auraient été surnommés «les Juifs» parce qu’ils récoltaient ainsi beaucoup d’argent… Une explication plus éloignée de l’Histoire, mais non sans relents antisémites.