MELONG
Situé à 12 km de Nkonsamba, Ville carrefour, chef-lieu d’un vaste arrondissement, Melong est la plaque tournante des affaires et du trafic des trois provinces : l’ouest, le sud-ouest et le littoral dont il dépend. C’est une localité qui a souvent accueilli des bâtisseurs venus d’horizons divers, grâce à son énorme potentiel naturel. Attiré par la fertilité du sol, les colons français y ont introduits la culture du café. Et ce n’est pas pour rien qu’on appelle Melong « la cité du café ». Après le départ des blancs, les plantations de café ayant permis le décollage de cette bourgade sont l’objet de toutes les convoitises. Les autochtones et les allogènes, qui entretiennent des liens séculaires, se livrent une lutte aveugle, pour le contrôle de cet héritage. Heureusement que les autorités administratives veillent au grain, pour que la situation ne dégénère.

Mais la cité du café a d’autres atouts et facettes à faire valoir : le petit séminaire St Michel, considéré comme le berceau des vocations, continue de faire de la fierté des habitants et la renommée de la contrée. Nombreux sont ceux des camerounais qui ne connaissent d’ailleurs Melong qu’à travers son célébrissime séminaire qui a déjà produit plus de deux cent prêtres, parmi lesquels huit évêques. Le visiteur appréciera également la vie dans les villages qui ne manquent pas de charme, en l’occurrence les campements d’éleveurs Mbororos, et certains sites, notamment les lacs, les chutes le Mont Manengouba et bien d’autres qui font de cette localité une destination touristique de rêve.
Coquette et valonnée, Melong n’a rien à envier aux grandes villes du pays. Elle ne laisse point indifférent le visiteur qui y débarque pour la première fois. Dès la gare routière, celui-ci est assailli par des motos taximn qui se proposent de le promener à travers la ville. Une destination fortement conseillée : le carrefour de la forêt, avec ses bars, gargote, échoppes points d’attraction, auberges… ouvertes 24h/24. On se fait tout de suite une idée de cette ville carrefour qui ne dort jamais.
Au gré de la balade, la cité dévoile ses charmes, ses multiples facettes… des immeubles à plusieurs niveaux, disséminés un peu partout, les principales artères bitumées, même si par endroits, on retrouve des nids de poule qui, rendent la circulation parfois pénible, surtout après une averse ; des hôtels et des centres d’accueil décents et bien entretenus… Melong se targue aussi d’avoir trois stations d’essence, une quarantaine d’usines et transformation du café ; une gare routière clôturée, toujours bruyante, qui vit au rythme d’incessants ballets de bus, cars et taxis-brousse, en partance ou en provenance des villages environnants… Peu de chefs-lieux d’arrondissement, de sa dimension, connaissent pareil dynamisme.
Plantations
C’est pas un fait du hasard si Melong, qui signifie littéralement, en langue Mbo, je construis », a fière allure aujourd’hui. C’est une localité qui accueille des bâtisseurs venus de divers horizons. Les colons français,, après le départ des Allemands du Cameroun, se sont installés dans cette vaste forêt vierge et dense pour l’exploiter. A cette époque, la forêt était hostile et impénétrable, pour les autochtones qui éprouvaient bien du mal à l’approvisionner.
Attirés par la fertilité des sols, les colons y ont alors introduits la culture du café. Pour créer les premières plantations, ils ont abattu un travail de titan. Avec le concours des fils Mbo et quelques allogènes, reconnaît le vieux Michel Ewane Ehode. Au fil des années de travail ardu et acharné, la forêt a reculé et les premières usines à café ont été installées.
Petit à petit, Melong, bled perdu dans les broussailles, s’est progressivement transformé en bourgade habitable où il fait bon vivre. Les gens accourent alors des quatre cois de la région, notamment de l’ouest et du nord-ouest, pour s’établir au bord du Moungo. Certains fuyant le maquis rappelle Michel. La bourgade fut alors érigée en poste administratif, en 1954 et le brassage des peuples s’est poursuivi. A leur départ après l’indépendance, les colons ont rétrocédé les vastes plantations de café aux Camerounais. Le 17 décembre 1962, Melong change de statut et devient un arrondissement qui sera, trente ans plus tard (en 1992), divisée en deux unités administratives : Melong et Barré-Bakem. Mais Melong avait déjà amorcé son développement.

Querelles
Si les plantations de café, héritées des blancs, font la fierté de Melong, puisqu’elles ont, en grande partie, contribué à bâtir cette cité, il est aussi à noter que son malheur proviendrait de son potentiel naturel qui attire plus d’une personne sus ses terres. L’administration locale n’ignore pas les querelles liées à l’exploitation foncière dans cette région. Les archives de la sous-préfecture relèvent en substance que la rétrocession des terres aux allogènes par les blancs continue à être objet de contestation permanente par les populations autochtones Mbo. A chaque installation d’un nouveau sous-préfet, l’autorité administrative sortante se fait toujours le devoir de rappeler à son homologue de faire preuve de beaucoup de tact de rigueur dans la gestion de e dossier délicat.
Mais il est établi que les bamileke, majoritaires dans le périmètre urbain, restent des commerçants dynamiques et entreprenants qui contrôlent l’économie locale. Et que les autochtones disséminés dans les zons rurales, sont taxés, à tort ou à raison, de paresseux qui aiment l’aventure dans les grandes villes, regrette une source administrative.
Toutefois, Melong reste une cité coquette, appelée à devenir plus grande et plus belle dans l’avenir.Avant le voyage, il y a des préalables à retenir. Il est conseillé d’avoir une idée de la carte de Melong, vaste arrondissement, entouré de trois provinces : l’ouest, le sud-ouest et le littoral. C’est une plaque tournante des affaires et du trafic dans la région. Dans les détails, Melong est limité au nord par l’arrondissement de Kekem, département du Haut-Nkam, au nord-ouest par l’arrondissement de Santchou (Menoua), au sud-ouest par les arrondissements de Ngouti et Bagem du Koupé Manengouba et à l’est par l’arrondissement de Barré Bake, qui, il n’y a pas très longtemps, dépendait encore de Melong.
Il n’y a donc pas qu’un seul chemin pour arriver dans cette ville carrefour. Le loisir de choisir son itinéraire, en fonction de sa position géographique. Mais comme cette unité administrative relève du Mungo, on peut partir de Nkongsamba, chef-lieu du département, situé à 22km de Melong. Les deux villes sont pratiquement comme deux quartiers voisins. Le voyage sur le tronçon est une partie de plaisir, puisqu’on est ç un jet de pierre de la destination. On n’a même pas besoin de se rendre dans une agence pour effectuer le voyage. Il suffie de se tenir au bord de l’axe lourd, d’attendre quelques minutes. Avec 500 frs cfa, pour prendre place à bord du premier taxi-brousse. A peine une heure de voyage, et on est à Melong. Des signes qui ne trompent pas et qui attestent du poids économique de cette petite ville : l’intense trafic sur le trajet. Taxis-brousse, bus, cars, camions, grumiers… y défilent à longueur de journée.
Côté nature, de petites curiosités ne manquent pas : la farine de macabo séchée sur le goudron, des troupeaux de bœufs qui rétrécissent la route… Des scènes qui rappellent qu’on est au village.
Fleuron dans le domaine de la formation des prêtres, le petit séminaire St Michel de Melong participe, à sa manière, à la renommée de contrée et du diocèse de Nkongsamba, dont il dépend. Et cela fait déjà soixante dix ans qu’il reste fidèle à sa vocation de former des jeunes camerounais engagés à servir Dieu et les hommes. Depuis sa création en 1936, on peut dire que la mission tient les promesses des fleurs : sur les 200 prêtres sortis de ce module, huit sont devenus évêques. Mgr Albert NDongmo, Mgr Denis Ngande, Mgr André Wouking, Mgr Pierre Tchouanga, Mgr Thomas Nkussi, Mgr Antoine Ntalou, Mgr Dieudonné Watio actuel évêque de Nkongsamba. Que de grands noms un qui se réjouirait dans sa tombe : Mgr Paul Bouque, fondaeur du séminaire, alors évêque de Nkongsamba.
Aujourd’hui le petit séminaire St Michel de Melong poursuit son bonhomme de chemin, malgré les difficultés, en s’adaptant à l’air du temps. Désormais, l’établissment ne forme plus exclusivement que les séminaristes. « Nous fonctionnons en système séminaire collège, c’est-à-dire qu’il y a un collège ouvert aux externes et géré par le père Robert Mbitchou et le séminaire dont j’ai la charge, en qualité de recteur » déclare le père Tientcheu.
Mais en plsu des renseignements du collège, les séminaristes sont astreints au règlement du séminaire et à certains cours complémentaires, en vue de leur formation, clarifie le recteur. Pour l’année académique en cours, il y a 32 séminaristes, de la 6e en terminale. Un effectif bien maigre comparativement à celui du collège estimé à 600 élèves.
Le Lycée de Mbouroukou
Six kilomètres à pieds, ça use les souliers… les enseignants et élèves de Melong ne le chatent pas seulement, ils le vivent de lundi à vendredi, jour de classe. Ils usent effectivement leur semelles sur la route qui mène à Mbouroukou, petite bourgade qui abrite le lycée, située à six kilomètres du centre urbain. Il faut se lever au premier champ du coq pour arriver à l’école. Ceux des élèves qui ont un eu de moyens déboursent deux cent francs chaque jour pour le taxi ou le car. En faisant le calcul, ‘addition est bien salée pour les parents. Des observateurs s’accordent à dire que la construction de ce lycée est la résultante d’un bras de fer rude au centre urbain entre allogènes et autochtones, qui n’entendaient pas céder une parcelle de leur patrimoine. Conséquence : pour ne pas tirer le débat de long en large, le feu Samuel Eboa a ramené le lycée dans village natal, révèle un patriarche Mbo.
Le quartier oublié
Les premiers devenus les derniers… c’est qui arrive au vieux quartier 4
LES CHUTES D’EKOM NKAM
Au niveau du petit monument peint en bleu et rose avec une étoile, sur la nationale qui court de Melong vers Nkongsamba, le chemin prend à gauche. Près d’une maison, la piste, mal entretenue, traverse les champs de café et de maïs frôlant de rares maisons. Le chemin de presque quatre kilomètres n’autorise qu’une vitesse très réduite. En prolongement de la vallée (compter 20 min pour arriver au site), la clairière sur laquelle la route débouche, où parviennent les échos de la cascade. L’entrée des gorges est signalée par deux poteaux. Le sentier se poursuit entre les parois qui se rétrécissent et se rapprochent. Sur la grande clairière, le bruit de la cascade. Des marches ont été aménagées pour aller jusqu’à l’eau. Légèrement dans la jungle… d’énormes fromagers aux racines géantes enserrent. De petites passerelles en fer ont été installées pour passer le lit des rivières. La cascade, qui a servi de décor pour le tournage de certaines scènes du film Greystoke, avec Christophe.