Se rendre sur l’île de djambalé n’es pas chose aisée .D’abord, il faut trouver un bon piroguier .sur les berges de Bonassama, point de départ du voyage, nombreux sont ceux qui proposent leurs services. Cependant, ils perdent de leur enthousiasme lorsque le voyageur exprime son désire de traverser le Wouri à bord d’une pirogue à moteur. Pas étonnant !ici, ces pirogues sont un luxe que ne peuvent pas se permettre tous les transporteurs. Un luxe aussi pour les voyageurs qui, en location doit débourser 10 000 f.cfa pour un trajet aller -retour .Avec ses somme comparé au 300F.CFA à sacrifier pour une traversée en aller simple à bord d’une pirogue à pagaie, le calcule est vite fait !
Pourtant, le sacrifice vaut la chandelle. Avec une pirogue à moteur, le voyage dure quinze minutes. En plus , les reporters ne comptent pas passé la nuit sur cette île. En effet, les voyages en communs se font le matin et en soirée.il est ainsi facile de « louper sa pirogue »et de devoir attendre le lendemain .C’est Louis dibobé qui nous y conduira. Il servira aussi de guide. Le rendez-vous est pris pour le 16 septembre 2012, après un mois de négociations avec différents piroguiers. Cette matinée là, il pleut des cordes à Douala .La marée est haute. A 8h, les barques accablées sont immergées dans l’eau. Des incertitudes planent alors sur ce voyage.

Gardiens des traditions

Pourtant, à 11h50, le piroguier démarre sa barque, dans laquelle se trouve un passager particulier.Issac Dibobe, son père, par ailleurs chef du village DJébalé .Là où se trouve le temple de la tradition sawa.Un endroit Mythique et Mystique. Là, où se trouve le centre de la confrérie des « jengu », entendez la secte magique ou religieuse du peuple sawa.C’est à djébalé que se recrutent les grand initiés Sawa. Tenez , lors de la cérémonie de clôture du Ngondo( assemblée traditionnelle du peuple Sawa, le fameux plongeur qui disparaît dans les profondeurs des eaux du wouri avec un vase et qui remonte sur la terre ferme avec le message des ancêtres ( qui revient sous forme de crustacés)est de djébalé.Tous comme les trois initiés qui l’ accompagnent sur la pirogue.Yobe Pamphile, qui conduit cette immersion par des chants savamment orchestrer , en fait un véritable moment de communication avec les Dieux de l’eau , lui aussi est de djébalé .Ainsi , c’est dans cette île que la messe de l’ au se prépare ainsi que tous les cérémonies traditionnelles sawa à caractère mystique .Avec le « miengu » .En français , les sirènes .Leurs interlocuteurs authentiques se trouvant à djébalè.

En effet , le Ngondo implore les« miengu » enfin qu’ils protègent et gardent son peuple , qu’ils le couvrent de toutes les bénédictions ,qu’ils le comblent de tous les vertus de la terre :force, sagesse, intelligence, richesse ; qu’ils lui apportent la prospérité, la fraternité , l’amour et du prochain , la paix dans les foyers et sur l’ensemble du pays .les « miengu »conjurent et éloignent du peuple les maux d’ici bas :la mort , le deuil la stérilité des mères de famille etc. D’où le caractère symbolique de djébalé . Un véritable berceau de l’ancestralité des peuples de la côte .La relation des djébalé avec l’eau est particulier. Et Isaac Dibobe le démontre à suffisance.

« Je vois ce que le commun des mortel ne voit pas .Face à certains obstacles, je suis obliger d’orienter la pirogue vers la bonne direction », explique Isaac Dibobe aux reporters. Il ajoute qu’il converse avec les génies de l’eau pour demander leur bénédiction. Plus on avance, plus le décor change. La pirogue traverse désormais la mangrove .Les racines des palétuviers s’ entremêlent et font croit à un nid de serpents aquatiques . De part et d’autre, les cocotiers dominent par leur majesté. Le ronronnement moteur de la pirogue de Louis Dibobe transgresse le calme imposé par la nature .Petit à petit , djébalé se dévoile .Au loin , on aperçois les premières maisons de cette île .Cinq minutes plus tard : « Nous sommes arrivés » ,nous informe Louis .La pirogue accoste à l’ entrée d’une ruelle et c’est parti pour la découverte .Il est 12h07.

Une seule école

L ruelle donne accès à plusieurs maisons construites , pour la plupart , en matériaux provisoires .A l’ approche des passagers , plusieurs habitants sortent de leurs domiciles . Le sourire aux lèvres, ils saluent avec révérence leur chef et regardent avec curiosité reporters. « ce sont des journalistes », leur apprend Louis dibobe. « Bienvenue », lacent -ils presque mécaniquement .La petite marche nous mène jusqu’à la chefferie de djébalé .Celle-ci est logée dans une maison comme les autres , sauf qu’ici , la porte est grande ouverte .de l’ extérieur, on aperçoit quatre personnes en pleine discussion .L’un d’eux est vêtu d’un pagne qu’il a noué à la taille .Il porte une chemise de couleur orange . Les autres sont habillés en tenue de ville .ce sont des notables de djébalé .se retrouver ici une habitude du dimanche dans l’île, semble- t-il. C’est l’occasion pour, les élites traditionnels de se retrouver pour dresser le bilan de la semaine écoulée et traiter les affaires du village. Ils interrompent leur discussion pour saluer »les étrangers.

La visite se poursuit .Le arrêt à lieu à l’ancienne église catholique qui abrite l’église évangélique du Cameroun .Il s’agit d’une grande Bâtisse construite en briques et surmonté d’une croix .Les murs sont défraîchis. Il y a ni porte ni fenêtre .De l’extérieur on a l’impression que le bâtiment est abandonné .Pourtant, un fois à l’intérieur, on observe que l’ autel est recouvert d’un drap blanc.Le sol est soigneusement lavé . « elle été construite en 1882 par les Allemands .C’est la maison coloniale » , explique Jean Paul Sanaga , le pasteur .A côté de l’église , se trouve le presbytère .Plusieurs vêtements sont séchés dans la cour. Quelques mètres plus loin, l’on aperçoit trois bâtiments peints aux mêmes couleurs.

Ces trois édifices forment un demi-cercle .La cour est envahie par la mauvaise herbe .Une plaque située devant l’un de ces bâtiments indique « École Publique de Djébalé « .la seule de l’île , qui compte un bâtiment administratif et deux autres constitués de trois salles de classe chacun .Les portes sont fermées .Le lieu semble inhabité. »Nous sommes déjà à deux semaines de la rentrée des classes .Pourtant , aucun enseignement ne s’est encore présenté », affirme Louis .les élèves sont impatients de reprendre les cours . « Quand nous allons à l’ école ,c’est uniquement pour faire du défrichage .Nous n’écrivons pas encore », se désole Pierre Armel Sanaga , un élève inscrit en Ce2. A l’en croit, seul le directeur de L’école est présent sur l’ile depuis une semaine .Hormis l’école primaire, Djébalè n’a pas d’établissement secondaire .Après l’obtention de leur certificat d’études primaires (CEP),les jeunes sont obligés d’aller poursuivre leur scolarité dans les établissements de Douala . Ce qui explique pourquoi les jeunes gens sont rares dans ce village. De même que les jeunes filles en âge de se marier << il n’ya presque pas de jeunes filles au village >> confirme Daniel Makongue , un jeune pêcheur de Djébalè . D’après lui les jeunes désertent également le village << parce qu’il n’y pas d’attraction >>. Leur unique occupation est la pêche << nous sommes tous des pêcheurs>> précise Georges samba. Il ajoute que le village n’est pas électrifié, ce qui les empêche d’allumer leur poste de télévision.

Femme Sirène

L’unique source d’électrification dont dispose l’Ile est l’énergie solaire offerte par la Communauté urbaine de Douala (CUD). Elle alimente l’école publique et l’unique centre de santé de Djébalè . L’Ile ne dispose pas d’eau potable. Selon les habitants, le sous-sol de Djébalè renferme du pétrole. Conséquence, ils ne peuvent pas creuser des puits d’eau profonds << nous buvons l’eau du fleuve >>, certifie Louis Dibobe . Pour se ravitailler en vivres divers, les habitants de Djébalè se rendent au Marché de Bonassama à bonaberi tous les samedis. Ils y vendent également les poissons secs, le manioc, le plantain et les grains de courge. Le village ne dispose que d’une seule boutique qui vend les boissons et quelques produits de première nécessité.
Djébalè est situé dans l’arrondissement de Douala 4ème. D’une superficie de plus 80 hectares, l’Ile compte environ 500 habitants. Elle a été découverte par des Allemands dans les années 1800 .A en croire le chef Isaac Dibobe , le nom Djébalè vient de Djobalè nom de la femme sirène qu’avait épousé Mangolé le premier Noir à arriver sur l’Ile . Il était chasseur.

Josiane Kouagheu et Marie Louise Mamgué
(Stagiaires)