Prosaïquement, un adage dit: « si vous ne faites pas la politique, c’est la politique qui vous fera ». Hamadou Ousmanou l’a appris à ses dépens un jour de l’année 1991. Au plus fort des villes mortes qui faisaient le quotidien des années de braise. Les faits? Il se rend par route dans son Bourrha natal dans le Mayo-Tsanaga lorsque son véhicule est stoppé net et cerné à l’entrée de Guider par des jeunes militants enflammés de l‘opposition qui tiennent la ville. Cassent et tabassent tout ce qui bouge.

Notre voyageur ne doit son salut qu’à la bienveillance du leader de la bande qui reconnaît « le grand frère ». Dès lors, pour Hamadou Ousmanou, rien ne peut plus être comme avant. Il doit aller au chaudron. Il ne peut plus contempler cette scène politique en effervescence comme un simple spectateur. Il doit devenir acteur car l’administrateur civil principal bon teint qui se remémore ses cours de l’Enam sur l’autorité de l’Etat ne peut rester indifférent à une situation de non droit où le pouvoir est dans la rue.

Son choix se précise. Il cesse d’être ce haut fonctionnaire paisible pour s’engager résolument au sein du parti au pouvoir, le Rdpc. Un autre incident qui rappelle le précédent va doper son militantisme. Avril 1991, il arbore une tenue du parti à Maroua lorsqu’il est interpellé et sommé de se changer sous la menace des partisans de l’opposition maîtres de la ville et qui haïssent tout ce qui s’apparente au Rdpc.

C’est désormais un homme blessé qui se Jure de ne plus se laisser faire. Son engagement est remarqué en haut lieu et récompensé par la hiérarchie du parti qui le coopte comme membre du comité central du Rdpc en 1996. Ce zèle pour le parti des flammes ne fait pas oublier la première partie d’un parcours somme toute ordinaire.

Né à Bourha en 1955, il obtiendra un baccalauréat D à Mokolo et une licence en droit privé à l’université de Yaoundé. Son père voulait qu’il soit vétérinaire. Il va passer à côté du voeu paternel. Il est pourtant bénéficiaire d’une bourse mais l’information ne lui parviendra qu’une année après.

Hamadou Ousmanou ira donc à l’Enam. A sa sortie en 1982, il fait ses classes d’administrateur civil au ministère de la Justice avant d’être promu chef de service des examens et concours au ministère de la Fonction publique.
Il change ensuite de couloir pour occuper un fauteuil de sous-directeur au ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat, il ira aussi prendre l’air des services extérieurs comme délégué provincial du Minuh au Centre puis au Sud. C’est en 1992 qu’il prend ses quartiers à la Société immobilière du Cameroun comme directeur administratif et financier. Le temps a passé. Certains journaux se font souvent l’écho d’une gestion pas forcément exemplaire du DG et du Daf.

Ce dernier répond presque comme dit la chanson : « laissez parler les gens », car pour lui seul compte le blanc seing du gouvernement. Il jouit aussi d’une bonne cote dans son département d’origine avec son bilan positif à la tête de l’Association pour le développement du Mayo-Tsanaga marqué par plusieurs œuvres sociales.

Hamadou Ousmanou a un grand amour dans sa vie: son épouse qui lui a donné six enfants, Il a aussi une grande haine dans son existence : le tribalisme. Car lui le fils de Bourrha a tour à tour été tenu par la main par Gilbert Andzé Tsoungui et Eyébé Ayissi. Des Bétis.

Bienvenue a l’extrême-Nord

Radioscopie d’une province et de ses personnalités incontournables

Aimé Robert BIHINA

Eric Benjamin LAMERE