KOUSSERI
Y aller :
De Maroua : Agences de voyage et cars de ramassage
Etat de la route : bitumée
Longueur du trajet à partir de Maroua : 275 km
Coût du transport public
Par bus ou par cars : 3500 francs
Structures d’hébergement : plu d’une dizaine d’hôtels et plusieurs et auberges.

Repères
Chef de région dans les années 1940
Ancienne appellation : Fort Fourreau
Chef-lieu de département depuis 1960, subdivisé en dix unités administratives.
Superficie de l’arrondissement de Kousseri : 160km2 (10km de large et 16 km de long).
Du fait de sa position géographique, le chef-lieu du Logone et Chari est la plaque tournante des affaires. Au propre comme au figuré, Kousseri vit à l’ombre de N’djamena, la capitale du Tchad avec laquelle elle partage une longue frontière. Les deux villes, liées par le destin et l’histoire, ne sont séparées que par les fleuves Logone et Chari. Le pont Ngueli sur le Logone fait la liaison et facilite les échanges entre les deux cités. Maiduguri, chef-lieu de l’Etat de Bornou au Nigeria n’est pas loin de Kousseri. Conscients des enjeux économiques, les commerçants nigérians, tchadiens et camerounais se bousculent dans cette cité, pour exploiter les nombreuses opportunités. Et Kousseri, pompeusement baptisée le poumon économique de l’Extrême-Nord, tient à honorer son statut, malgré les contingences.
A Kousseri, c’est le business qui prime. Mercredi, 3 juin 2009, le Dr Angaye et ses collaborateurs, chargés d’animer un séminaire sur le SIDA débarquent dans cette ville. A l’arrivée, ils foncent dans le premier hôtel de la ville pour avoir des chambres. A la réception, ils apprennent que toutes les chambres sont occupées. Même réponse et même déception à l’hôtel suivant. Ils font la ronde d’une dizaine d’hôtels, toujours pas de chambre disponible. Ils appellent le Préfet du Logone et Chari qui, à son tour, avoue son incapacité à loger ses hôtes. « Explication du chef de terre » : « les hôtels et les auberges sont saturés à Kousseri, en semaine et les week-end. Nos voisins de l’autre côté du Logone réservent des chambres qu’ils payent cash pendant un mois, voire un trimestre… » Hommes d’affaires, fonctionnaires, simples touristes, en provenance du Tchad pour la plupart, et les élèves qui se présentent le bac tchadien, se bousculent à Kousseri ces dernies jours. Et les promoteurs se frottent les mains. Kousseri est une ville qui bouge. Elle tient bien son rang de poumon économique malgré la canicule due à l’effet conjugué de l’Harmattan et du Logone. La rudesse du climat ne décourage personne. Au contraire, elle dope les affaires. Les commerçants, en provenance de tous les horizons se bousculent pour s’installer au marché central où les comptoirs et places se jouent à prix d’or. Les magasins et surfaces commerciales sortent de terre comme les champions. Les produits écoulés proviennent aussi bien du Nigeria, du Tchad que des quatre coins du pays. Comme dans les métropoles du pays, toutes les grandes banques ont des succursales et points de distributeurs automatiques sur place. A l’entrée de la ville, on observe une file interminable de gros porteurs, à l’arrêt, contraints de subir un contrôle de routine au service des Douanes. Du côté du pont Ngueli, à la sortie de la ville, on compte plus le nombre des camions et gros engins qui s’apprêtent à traverser le Logone, dès l’ouverture des frontières aux environs de sept heures. On note la même affluence à la fermeture des frontières à 18 heures précises.
A l’ombre de N’djamena
Les activités tournent à plein régime à Kousseri, porte d’entrée de la capitale du Tchad. Du fait de sa proximité avec N’djamena, elle vit au rythme de cette capitale. En temps ordinaire comme n période de trouble, N’djamena, les deux villes, séparées par les fleuves Logone et Chari, ont des destins liés. Elles partagent la même histoire : Fort Foureau et Fort Lamy désignaient respectivement Kousseri et N’djamena à l’époque coloniale. De part et d’autre de la frontière, on parle les mêmes langues, on retrouve les mêmes peuples (Arabe-Choa et Kotoko), les mêmes coutumes… Certains habitants d N’djamena passent leur journée à Kousseri, pour rentrer à la tombée de la nuit. Et réciproquement. Le citoyen lambda n’a pas besoin de débourser un radis pour traverser le pont Ngueli. Certains traversent le Logone à pied ou en pirogue ou en pirogue, en période de décrue, comme c’est actuellement le cas. Du quartier Madagascar à Kousseri, on peut apercevoir, lorsqu’il fait beau temps, le palais présidentiel, l’aéroport international, l’immeuble de la BEAC, le palais de l’Assemblée nationale et bien d’autres édifices à N’djamena. Dans les moments difficiles, Kousseri offre toujours l’asile aux N’djamenois qui le souhaitent.

Kousseri est également un don du Logone. Ce fleuve contribue à l’essor de l’ex-fort Foureau. L’histoire raconte que M’ser, appellation originelle de Kousseri en langue Kotoko, était un gros village des Sao qui vivaient esentiellement de la pêche. « c’est le Logone qui a attiré les premiers habitants, puisque le fleuve était encore poissonneux et nourrissait toute la contrée », rapporte un notable du sultanat. Malgré le temps qui passe, la pêche occupe encore une place de choix dans cette localité. Toutefois, le défi des habitants de cette cité reste la cherté des denrées alimentaires, puisqu’il faut se mettre quelque chose sous la dent pour vivre.
Dans tous les restaurants sérieux de Kousseri, le « Kyssar » figure toujours en bonne place dans le menu du jour. Dans les gargotes et autres « tourne-dos » de la ville, c’est d’ailleurs le menu principal qu’on propose aux clients. Lors des cérémonies officielles et fêtes traditionnelles, le kyssar » est également le plat de résistance. Quel est ce mets qui fait tant saliver les convives et dont on ne peut se passer dans le Logone et Chari ? « Le Kyssar » est également est une galette de farine qui se présente sous forme de crêpe. Et il y a plusieurs façons de le préparer. On peut le faire avec de la farine du maïs, du blé, du riz ou faire le mélange de toutes ces farines. Après avoir fait la galette, on l’assaisonne avec de l’arome, pour donner un goût agréable et appétissant », explique Hadidja. Le « Kyssar » se mange à la sauce tomate ou à la sauce gombo. Les autochtones, arabes-Choa et Kotoko, raffolent particulièrement de ce mets. Aux yeux des adeptes de ce plat, le « kyssar » est comme le « Mbongo Tchobi », en pays Bassa ou le « Eru » chez les Bayangui dans le sud-ouest. Un autre plat est également prisé par les habitants de Kousseri : la sauce Kotoko dispute parfois la vedette au Kyssar lors des grandes manifestations. La cuisson de ce mets relève également de l’art culinaire du Logone et Chari. « c’est une sauce au poisson », très nourrissante qui exige du doigté à celle qui la mitonne. Elle doit enlever toutes les arrêtes, avant de cuisiner. C’est mon plat préféré lorsqu’il est bien préparé, indique Mahamat Mahamat. La sauce kotoko se mange aussi bien avec le kyssar que le couscous de mil, de maïs ou de riz. Le chef-lieu du Logone et Chari propose une gamme variée de mets. Les touristes et convives sont bien servis et conviés à se mettre à table, en effectuant un tour à Kousseri.

Présentation de la Commune de Kousseri
La Commune de Kousseri couvre le territoire. Elle comprend du point de vue traditionnel, un chef de premier degré, le sultan de Kousseri, quatre chefs de deuxième, et 56 chefs de troisième degré. Nous estimons la population à 120 000 habitants. Les principales artères de la voirie municipale sont bitumées. La cité est bien tracée. Kousseri est une ville carrefour. Nous savons les brassages de toutes les ethnies du pays, de toute l’Afrique centrale et de l’Ouest.
La ville de Kousseri est un terrain plat. Ce n’et pas facile de drainer les eaux de pluie. Et, il est encore plus difficile de drainer les eaux usées. Si vous circuler dans les quartiers de la ville à partir de la soirée, à partir de 21 heures, vous serez surpris et étonné de l’odeur pestilentielle que ces eaux usées versées sur le trottoir, sur les rues dégagent. Malgré tout cela, on ne croise pas les bras. On se bat.
Les prix des denrées alimentaires sur le marché central de Kousseri sont très fluctuants et ne tiennent pas compte des prescriptions en vigueur dans le reste du pays. En temps ordinaire, les commerçants véreux fixent les prix des articles selon les humeurs des acheteurs en provenance de N’djamena. Détaillants et grossistes sont logés à la même enseigne. Chacun veut maximiser ses bénéfices. « c’est le business. On n’est pas venu pour perdre. Ça peut « péter » à tout moment de l’autre côté du Logone et nos marchandises seront avariées… », tranche Abdoul Hassan, vendeur d’oignons. Le sac de riz coûte 21 000 francs, le sac de sorgho se vend à 15 500 francs, le sac de gombo coûte 7 000 francs. Le mil, le sorgho de saison des pluies, est rare. Sur les marchés des autres villes, les prix sont nettement bas.
A la porte du désert
Quand on est à Kousseri, la canicule est une réalité qu’on ne peut occulter. La chaleur s’impose aux visiteurs dès le premier contact. La température affiche 50° à l’ombre de février à Juin. L’harmattan, un vent chaud et sec, souffle très fort à longueur de journée. Le couvert végétal est rabougri et sahélien. Les arbres se font rares. Quelques rares arbustes adaptés à la région résistent à la rudesse du climat. Toutes les plantes et arbustes perdent leurs feuilles dès le mois de décembre. Pour arrêter l’avancée du désert décriée aussi bien par les responsables des organismes et structures publiques que par les responsables des ONG chargées de la protection de la nature, l’urgence est de planter les arbres.
Déjà, de par sa position géographique exceptionnelle au bord du fleuve Logone, limite naturelle avec le Tchad, voisin, la cité s’est régulièrement trouvée au centre de l’actualité en fonction des soubresauts de la politique intérieure tchadienne.
C’est ainsi qu’en plus d’être un haut lieu de brassage des populations d’origines diverses, le chef-lieu du vaste département du Logone et Chari en un important centre commercial (le premier sans doute de la région de l’extrême-nord). Ce grand carrefour d’échange ou d’éclatement des marchandises avec les pays voisins est devenu, par la force des choses, un eldorado pour les chercheurs de fortune, une zone de transit mais aussi un havre de paix pour les réfugiés et autres victimes de conflits qui n’hésitent pas à traverser en cas de besoin, le mythique pont Ngueli pour retrouver la tranquillité du côté camerounais.
Anciennement connue sous le nom de Fort Foureau, Kousseri est une vénérable cité dont on fait remonter la fondation brillante civilisation Sao qui s’était épanouie dans la zone entre le XIe et le XVIE siècles. L’histoire nous apprend que la cité fut prise par Rabah, le fameux seigneur de guerre et trafiquant d’esclaves soudanais, fut le théâtre de la bataille de Kousseri (22 avril 1900) où les troupes françaises du Commandant Lamy, alliées aux Baguirmiens, battirent Rabah. Les deux chefs trouvèrent d‘ailleurs la mort au cours du combat. Dans le partage colonial qui suivit, la cité de Kousseri fut attribuée à l’Allemagne avant de passer sous contrôle des Français après la première Guerre Mondiale. Elle fut renommée Fort-Foureau avant de retrouver son appellation historique après l’indépendance du Cameroun.
Progressivement, la localité est devenue très cosmopolite. Aux autochtones kotokos, sont venus s’ajouter de nombreuses communautés comme les Bornouans, Arabes-Choas, ressortissants du Sud, sans oublier les immigrés d’origine tchadienne. Attirés par la douceur de vivre et la sérénité qui règnent ici, ces derniers ont trouvé et exploité sur place de nombreuses opportunités d’affaires en acquérant au passage de multiples résidences secondaires à coups de millions de Cfa. La manne pétrolière ne serait pas étrangère à la frénésie des achats et au taux élevé d’occupation des hôtels. Carrefour des affaires et poste-frontière, Kousseri n’a pas engrangé toutefois les retombées attendues de son statut particulier. Porte d’entrée et de sortie du Cameroun, la cité n’a pas toujours présenté par le passé un visage avenant au visiteur.