MBONGE
Mbonge est malade de ses routes. Illustration : le piéton se trouve plus à l’aise que l’automobiliste, lorsqu’il faut parcourir la distance du centre-ville à la sous-préfecture, en passant par la mairie. En fait, toutes les pistes reliant les principaux quartiers de la ville sont en mauvais état et ne sont plus carrossables. Elles sont constellées de nids de poule, de cassis…, et par endroits, de hautes herbes ont envahi la chaussée. A cause des pluies constantes et abondantes et de la négligence des habitants. Conséquence : les automobilistes ont simplement garé leurs véhicules, en attendant que les choses changent. Tout le monde est en passe de devenir piéton dans cette cité. Même les moto-taximen, qui d’habitude ne reculent devant rien, ont jeté l’éponge. Si déjà dans le périmètre urbain, il est pratiquement difficile de se mouvoir, qu’en serait-il du déplacement d’un village à un autre dans cet arrondissement ? En tout cas, les populations ne se posent plus cette question à laquelle elles ont déjà trouvé une réponse toute faite : marcher. On comprend pourquoi le transport en commun sur l’axe Kumba-Mbonge ne fait pas courrir les opérateurs économiques. D’ailleurs, il est conseillé de louer au prix fort une mototaxi, au lieu d’emprunter le taxi-brousse, pour rallier rapidement Kumba, chef-lieu du département de la Meme, situé à 50 kilomètres.
Et là où la route ne passe pas, le développement traîne. C’est bien le cas de Mbonge, pourtant gâtée par la nature. On sait que cet arrondissement est le plus grand producteur de cacao dans le sud-ouest. On estime à plus de 35 millions le budget annuel de la commune de Mbonge. Le poste de douane fait une recette de 500 000 francs.
Du fait de l’enclavement de Mbongue, les habitants s’accordent à dire qu’il ne fait pas bon vivre dans leur contrée. Le quotidien morose : l’accès à l’eau potable est une véritable gageure, tout le monde s’éclaire à la lampe-tempête. Seuls quelques privilégiés ont accès à l’électricité, en utilisant les groupes électrogènes. Les bâtiments administratifs ont pris un coup de vieux. Le poste de douane, joyau bâti au cœur de la cité, est abandonné dans la broussaille. Visiblement, la vile s’enfonce chaque jour.
Et cette situation ne semble pas préoccuper les habitants de Mbonge qui brillent par leur négligence et les élites, par leur éclat de voix. Nombreux sont ceux qui pensent qu’il faut que ce soit le voisin qui vienne balayer devant leur cour. Tout le monde se plaint de tout et personne ne veut rien faire, pour changer la donne.
Et pourtant, on sait que dans la province du Sud-Ouest, l’esprit de travail communautaire est très répandu. A Limbe, par exemple, les citoyens descendent, avec pelles, râteaux, pinceaux et brouettes, sur le terrain une fois par mois, pour mettre la propreté dans leur cité, en désherbant les voies encombrées… pourquoi ne pas copier ce bel exemple ?
L’importance de cette structure vient de sa situation stratégique, à la frontière avec le Nigeria.
En effet, beaucoup de camerounais consomment des produits « made in Nigeria ». Une bonne partie de ces produits transitent par Mbonge, relevant ainsi le poids économique du bureau de douanes.
Effectivement, notre bureau régressé à cause de la multiplication de grands beach et des ports de Tiko et Bota. Les installations de Mbonge sont appelées à disparaître. Car, aujourd’hui, Mbonge ne représente rien à côté d’Ekondo Titi, d’Idenau et autres.
J’ai essayé de toucher les autorités de la municipalité, afin de mettre en place un plan de réhabilitation de ce Beach. Il ne s’agit pas d’investissements lours. Avec de petites machines de faibles valeurs, nous pouvons y arriver. J’ai proposé par exemple l’acquisition d’un petit engin destiné à dégager le sable qui gène la navigation des pirogues au niveau du Beach.
J’ai aussi attiré plusieurs fois l’attention des commerçants se Kumba sur les avantages que leurs offre Mbonge. Mais ces commerçants se sentent frustrés par l’étroitesse du fleuve. Si l’on parvenait à aménager ce cours d’eau, cela permettrait aux embarcations de voguer plus facilement.
En dehors de la douane, aucun autre service n’apporte quelque chose aux caisses de l’Etat, à Mbonge.