OTELE

La localité du département de la Mefou et Akon, le chemin de fer a fait son bonheur et sa célébrité. Mais tout n’est plus pareil aujourd’hui. Le train ne s’y arrête presque plus. OTELE n’est toujours pas unité administrative, contre toutes les attentes de ses populations. Mais la ville continue d’espérer.

Y ALLER
• Yaoundé : gare voyagheurs, 1200Fcfa. Le train s’arrête surtout à Ngoumou.
• Gare routière d’OLEZOA, trois statuies, 1200Fcfa pour Ngoumou
• Ngoumou : 500Fcfa par moto
• Route non bitumée (Ngoumou-Otélé)
• Distance : 60 klm de Yaoundé, 5 km de Ngoumou par vopie ferrées et 7 km par route.
REPERES
• Population : plus de 3 000 habitants
• Principaux groupes ethniques : Ewondo, Bassa

LE CHIFFRE
Le grand séminaire Marie Reine des Apôtres d’Otélé est l’unique structure d’importance dans lalocalité.
Ah ! si OTELE pouvait redevenir ça, c’est le plus ardent des vœux de la population. Pourquopi et comment OTELE, pourtant pas unité administrative jusqu’à présent, s’est-elle fait connaître au-delà de ses arbres ? Tout simplement grâce au chemin de fer. En effet, la ville fut, dans les années quarante, un grand centre commercial où florissaient la vente et le trafic de produits agricoles et industriels. Un grand carrefour marchand entre les deux principales villes du pays, Yaoundé et Douala, qui tirait, en plus largement profit d’un manque de communication fiable entre les deux capitales du Cameroun, politique et économique dû à l’absence du réseau routier à l’époque.
Le destin commença avec l’irrégularité du train à la gare d’OTELE, la suppression d’une ligne de chemin de fer importante pour la prospérité de Douala. L’unité administrative passa sous le nez de la localité, pour échoir à la bienheureuse Ngoumou, moins bien développée qu’OTELE à l’époque.
Aujourd’hui, la ville n’est pas franchement debout, comme pourrait le faire croire son nom. D’ailleurs, les supplications sur l’origine du mot ne manquent pas : « Euh, ça veut dire debout, non ? « Eh bien, non. OTELE, c’est le nom d’un valeureux combattant Béti qui s’illustra lors d’une guerre tribale, une guerre de conquête surtout, de la localité. Les Ewondos, en provenance de quelque part, du coté du Mbam, eurent le coup de foudre pour le lieu, décidèrent de s’y établir, sans partage. Pour cela, il fallait se débarrasser des premiers occupants, les Bassa. Ils décidèrent donc de les chasser avec fracas. Ils remportèrent la bataille et le plus intrépide d’entre eux, OTELE, vit la ville dotée de son patronyme. Étant à la lisière du vaste territoire Bassa, qui commençait par le département du Nyong-et-Kellé pour s’achève dans le Littoral, avec la Sanaga-maritime, les désormais autochtones d’OTELE , selon la légende, plantèrent mystiquement un bananier ^pour marquer les limites de leur zone.
Mais les Bassa ne partirent pas tout à fait, puisque leurs descendants sont toujours installés dans la ville, où ils se confrontaient à la population Ewondo du coin, et créent un pachtwork autochtone des plus intéressants. Il est en effet difficile de faire la différence entre les deux couramment Ewondo, et réciproquement. il faut dire que l’arrivée des colons, ennemi commun , a marqué la fin des hostilités et a ouvert une nouvelle ère faite d’alliances matrimoniales interethniques.
Malgré ce visage d’entente des deux principaux peuples de la ville que montre OTELE, ce n’est pas la joie. Où plutôt, ça ne l’est plus. La localité connaît des problèmes d’électricité, d’eau, énergies pas assez conséquentes pour contenter toutes les populations. L’agriculture y a connu un fort ralentissement. OTELE n’est plus qu’un coin perdu, qui voit passer, sans pouvoir en bénéficier, les richesses du pays. Une gare fantômes qui voit seulement s’arrêter, symbole de son désespoir, le plus irrégulier des trains, le Régulier de la Camrail.

Qu’est-ce qui manque le plus à la ville d’OTELE ?
D’abord, on demande l’érection d’OTELEZ en unité adminstrative. L’agriculture même n’est pas accélérée. Un problème très important aussi, c’est celui du train qui « survole » la ville d’OTELE. Camrail est là pour travailler de l’argent et non pour des histoires de politique. Je ne sais pas pourquoi ce train s’arrête ailleurs et pas ici, malgré toutes les infrastructures, à l’exemple, du grand séminaires. Pour que les étudiants partent en congés ou reviennent ici, c’est beaucoup de problèmes, ils sont obligés de s’arrêter d’abord, à chaque fois, à Nhgoumou.
Revenant sur les infrastructures, quelles sont les potentialités de la villes d’OTELE ?
Nous avons la gare ferroviaire, il y a le district du chemin de fer, la poste. La ville compte deux écoles primaires, l’école publique et l’école catholique de Nkolmelen ; il y a le CES qui a récemment été érigé en lycée. Sur la place, on a deux, voire trois missions catholique »s. on a le grand séminaire, on y passe avant d’aller achever ses études à Nkolbisson, à Yaoundé. Au niveau de l’agriculture, il y a la Sodecao qui s’est récemment installée pour créer une nouvelle cacaoyère. On a aussi un poste agricole. Les cultures principales sont le cacao et le palmier à huile. Auniveau des vivres, le principal produit était le manioc, mais les terres sont devenues stériles et il n’y en a plus. Au niveau santé, je peux dire qu’on n’a rien. On a installé un petit centre qui n’est pas fonctionnel, alors qu’il est là depuis plus de cinq ans. Aujourd’hui, il est peu à peu envahi par la brousse. Pour se soigner, on va jusqu’à Ngoumou, mais on peut aussi se rendre au dispensaire de la mission catholique de Nkolmelen.
Au niveau de la chefferie, Quelles actions de développement entreprenez-vous ?
Déjà, je suis juge du tribunal traditionnel. Mon rôle est de trancher les différents entre les populations du groupement. Ici à OTELE, 20% de la population sont des étrangers, Bamiléké, Bassa, Haoussas et autres. Et bien entendu, les problèmes ne sauraient manquer. Il n’est absolument pas facile de vivre avec les gens.

LA JOUVENCE FAITE CHEF
Si on vous envoie chez lui, on vous parle du petit chef. Et petit, il l’est ! Baccalauréat frais de al cuvée 2007, série D, le jeune Jacques Nguini Nguini est, à 24 ans pas encore sonnés, le dirigeant de la chefferie de deuxième degré du groupement d’OTELE , et ce depuis l’âge de 18 ans. N é le 31 Octobre 1983 à OTELE, seul garçon à ses parents, Jacques Nguini Nguini était naturellement le successeur de son père. Celui-ci s’éteint quand il a onze ans, le petit n’est encore qu’au primaire. A ce moment-là sa maman assure l’intérim en attendant que son fils devienne à peu près un homme.
Le petit Jacques Nguini Nguini effectue ses études maternelles et primaires à l’école publique d’OTELE où il obtient son BEPC au collège Stoll d’Akono, où il restera jusqu’au jusqu’en seconde. Il ira ensuite chercher son probatoire à Yaoundé, à l’institut Ndi Samba. Après cela il effectuera son come-back dans son département d’origine, où il obtiendra son BACC D au lycée de Ngoumou.
Entre-temps, à 16 ans, Jacques Nguini Nguin est tout de même consulté pour ce qui lui revenait de droit. Deux ans plu tard, il est intronisé chef. Une fonction qu’il assume toujours avec l’aide de sa maman. Étant encore lié aux obligations académiques, Jacques Nguini Nguini s’mmerge dans ses attributions traditionnelles au fil des ans, quand il revient pour les congés et les grandes vacances. Peu à peu, il acquiert l’expérience nécessaire dans la gestion des hommes.
Au début portant, ce n’est pas facile. Les populations ont un peu du mal à accepter ce jeune garçon comme leur souverain. Il faut dire qu’il n’en a pas le physique. Plutôt svete et un brin timide, le petit chef Jacques Nguini Nguini n’incarne pas vraiment l’autorité. Mais face à sa détermination d’exercer pleinement ses fonctions et la politique de proximité qu’il a adoptées, en allant vers les populations recenser les problèmes qui minent le groupement, on a fini par s’habituer au chef et à sa jeunesse. D’autant plus qu’il a encore toute la fougue de sa fraîcheur. Il n’hésite pas à trouver « inadmissible » que, malgré le passé plutôt glorieux d’OTELE, malgré le fait que ce soit l’une des plus grandes villes de la Mefou et Akono, elle ne soit pas encore érigée en unité administrative. C’est d’ailleurs sa principale ambition, par ce que selon Jacques Nguini Nguini, ça entraînera à coup sûr le développement d’OTELE, par l’installation de plusieurs structures.
C’est devenus si triste, la gare d’OTELE0. De la splendeur d’antan, il ne reste que le marché qui lui aussi perdu un poids considérable, prenant les mensurations d’un maigre point de vente. Le bâtiment a une allure presque honteuse, grise, voire noire, sale, vide. Les rails, s’ils supportent encore la charge des trains qui passent, ne servent que de transit pour les wagons qui s’y arrêtent désormais rarement. Pas autant que le voudraient les populations en manque d’un moyen de transport viable, obligées d’avaler, à moto, les sept kilomètres de poussière qui les séparent de Ngoumou, désormais principale escale ferroviaire du département.
Sur le quai, la rouille est reine, la gare fait face à la forêt qui a par ailleurs envahi certains de se bâtiments. La nostalgie qui ramène les populations à l’indépendance. OTELE bénéficiera de la construction par l’Administration coloniale française, sur la& voie ferroviaire, du tronçon Eséka-Yaoundé, de 1922 à 1927. Sur ce tronçon donc un embranchement sera construit, de 1927 à 1932, entre les villes d’OTELE et de Mbalmoyo, plus au sud, en 1946, OTELE est un grand carrefour commercial où s’effectue le trafic des produits des activités agricoles, industrielle et agro forestière (huile de palme, cacao, palmistes, bois, complexe industriel de savonnerie, etc..). La chance de la localité, c’est d’occuper un emplacement stratégique entre les zones de production et les zones d’exploitation. En effet, OTELE est le croisement des voies ferrées Douala-Otélé-Yaoundé et Douala-Otélé-Mbalmayo, de plus, à cause ou grâce au défaut des voies de communication fiables entre Douala et Yaoundé d’une part et Yaoundé et Mbalmayo d’autre part, le réseau ferroviaire était alors très indiqué et sollicité mais l déchéance de la localité va devenir une réalité avec les suppressions successives du départ de l’embranchement Otélé-Mbalmayo et récemment du train reliant Otélé-Mbalmayo via Ngoumou. Tous les opérateurs économiques de la ville d’OTELE vont vider les lieux et la conséquence immédiate sera le ralentissement sinon l’extinction de ses activités commerciales et industrielles. Une autre conséquence peut-être, indirecte celle-là, l’unité administrative qui lui échappera pour prendre la direction de Ngoumou.
Otélé : le miracle de l’eau
En 1989, lorsque le Projet Eau Potable (PEP) est lancé par la mission catholique d’Otéle, un village situé à environ 60 km de Yaoundé, l’objectif est d’installer deux puits dans chacun des postes qui constituent ce grand village. Aujourd’hui, 20 ans après, on dénombre exactement 1202 puits âmes qui vivent à Otélé, les populations d’autres villages, situés hors du département de la Mefou et Akono, notamment (Okola, Sa’a, Obala), en bénéficient également chaque jour. Qu’on parte de Ngoumou ou d’Ebebda sur l’axe Yaoundé-Douala pour se rendre à Otélé, on aperçoit toujours un puits fontaine, dressé dans sa robe de métal peinte en bleu tous les ,5 km environ. Dans un endroit a priori désert ou dans une cour, parfois de récréation, où des enfants, par dizaines, peuvent se désaltérer allègrement, surtout par ces temps de chaleur. Et les populations ne boudent pas cette manne de la terre. Des puits creusés en moyenne à une quinzaine de mètres de profondeur.
Le PE a généré de nombreux emplois, mais aussi d’importantes initiatives de développement socioéconomique.
En terme d’emplois directs, 20 natifs d’Otélé travaillent à temps plein pour le projet et une trentaine d’autres sont recrutés en fonction des travaux et toujours sur le site d’un puits à creuser. Pour ce qui est du développement, des pépinières de palmiers, des jardins potagers, des élevages de volaille et de bœuf, des palmeraies, des pressoirs à huile, etc. ont vu le jour avec l’arrivée de milliers de puits. « l’extraction de l’huile de palme nécessite énormément d’eau ».
Cependant, ce projet, qui est traité ici comme une flamme par temps de froid, risque de s’éteindre à un pas de la maturité, parce que un seul puits n’a été installé depuis novembre 200, alors que la fréquence habituelle, selon Louis Stadelmann, directeur du projet, est de deux par semaine. En effet trois des quatre camions du PEP, servant à porter le matériel lourd telles que les buses et les dalles, ont leur volant à droite et n’ont plus le droit de circuler au Cameroun. Et une centaine de demandes de puits sont en attente d’exécution, dont une commande trente en provenance de l’Union Européenne. De même que les travailleurs en chômage technique. Si les camions ne peuvent pas circuler, les techniciens chargés de la fabrication des buses (éléments indispensables pour la protection du puits), n’ont plus de raison de travailler, puisque ces produits ne peuvent être transportés. A méditer.
OUDJILLA
A partir de Mora, une piste sinueuse vous emmène vers les montagnes. Elle traverse quelques ruisseaux (asséchées en dehors de la saison des pluies), et de jolies cultures en terrasse, les plus impressionnantes du Cameroun, avant de parvenir, une dizaine de kilomètres plus loin, à la fameuse chefferie d’Oudjilla, vieille de plus de deux cents ans. Ce village podoko constitue une autre étape touristique incontournable dans l’Extrême-Nord. Là vous attendent de nombreux villageois, tous plus désireux les uns que les autres de vous emmener au saré du chef, construit au sommet de la colline, moyennant quelques centaines de francs. La visite du saré coûte 6 000 F et dure environ 1 heure 30. vous pourrez en outre assister à un spectacle intéressant de danses traditionnelles. A proximité de la place du marché se trouvent les tombes et les habitations traditionnelles. Les cases sont rondes, couvertes d’enduit en terre, et disposées autour des greniers, réserves alimentaires des familles des villages. Les fondations des cases sont en pierre, le reste en terre. Les toits de chaume sont de forme conique et sur certaines cases, sont exposées des poteries. A l’intérieur de la chefferie se distingue le saré du chef, protégé par une muraille. S’y trouvent notamment : le grenier du chef ; la salle du tribunal coutumier : la salle de prière et la salle du bœuf sacré ; celle du compartiment des épouses. La case de la première femme est retirée de celles des autres épouses. Chaque femme dispose d’une case, de deux greniers et d’une cuisine. Pour des questions d’intimité, les chambres des femmes ne font pas face à la muraille comme les autres pièces. Elles sont orientées vers l’arrière, sans vis-à vis. De nombreuses traditions et superstitions sont observées dans la région. Par exemple, un bœuf de 2 ans est placé chaque année dans l’une des pièces du sacré du chef, dans une totale obscurité. Il s’agit d’un animal sacré qui, pendant un an, reste ainsi enfermé sans voir le jour, avant d’être sacrifié juste avant les récoltes, le jour de la fête Podoko, pour garantir la prospérité du village. Les récoltes terminées, un nouveau bœuf prend la place de l’ancien jusqu’à l’année suivante.
La coutume veut aussi que le chef soit enterré dans la case ou il a vécu. Une seule de ses femmes a alors l’autorisation de dormir dans la pièce où il repose, à condition qu’elle n’ait pas eu d’enfants. Si toutes les femmes du chef ont eu des enfants, seule la mère du successeur aura le droit de dormir dans cet endroit.