Les participants aux fréquentes réunions sur l’entretien routier
dans la partie septentrionale du pays sont les témoins permanents
des coups de gueule de cet homme au physique de boxeur poids
lourd qui tonne plus qu’il ne parle. Intarissable sur un sujet qui le
passionne visiblement: les travaux publics. Il y est pourtant entré
en empruntant les chemins de traverse. Car Saïdou Nderdaï est
un ancien douanier devenu directeur général de la société de
bâtiments et travaux publics Sodencam et président de
l’Association des entrepreneurs du Grand-Nord.

Curieux destin que celui de ce natif de Gawar à 36 kilomètres
de Mokolo qui fort de sa parenté avec Germaine Ahidjo avait ses
entrées au Palais en son temps et qui a dû attendre plus d’une
décennie après le changement de régime pour croiser la roue de
la fortune. Certes, pendant la première République, Saïdou
Nderdaï n’était pas un modèle de travailleur. Le meilleur indicateur
de son dilettantisme est sa scolarité laborieuse. Le cœur n’y est
pas. Il décide d’ailleurs de tout arrêter en classe de première.
Puis il est recruté à l’Assemblée nationale. Mais au fond pour lui,
c’est davantage un passe-temps qu’un gagne-pain.

Sans doute à cause du changement de pensionnaire du
palais de l’Unité Saïdou sent confusément qu’il doit s’accrocher à
quelque chose de plus solide. Il affronte donc avec succès le
concours des douanes en 1983. lI s’applique désormais tant et si
bien qu’il termine major de sa promotion. Sur le terrain, il va prendre
du galon. Ses épaulettes sont donc celles d’un brigadier lorsqu’il
demande et obtient le départ volontaire de la Fonction publique
en 1995 dans le wagon des « déflatés ».

A nouveau libre de tout mouvement, il tente quelques
aventures en Europe puis en Afrique du Sud. De retour au pays, il a le vague à l’âme lorsque survient le déclic: les marchés. Saïdou Nderdaï flaire le bon coup avec le Projet de développement de la région des Monts Mandaras (Pdrm) qui finance la réalisation des infrastructures routières, scolaires et sanitaires. Grâce aux provisions de la Banque africaine de développement et de l’Union européenne, le Pdrm paie vite et bien. Le jeune entrepreneur se trouve ainsi mis sur orbite en cette année 1999. Depuis, il réussit toujours à s’adjuger quelques lots dans l’enveloppe des marchés du ministère des Travaux publics dans le septentrion. Pour le plus grand bonheur de son épouse Hawoua et leurs six enfants mais aussi pour la centaine d’employés qui émargent à la Sodencam lorsque les chantiers tournent à plein régime.

Cette entreprise sans être parmi les mauvais élèves n’est évidemment pas totalement exempte du déluge de critique qui submerge les attributaires de marché d’entretien routier lesquels brillent par les abandons de chantier, les travaux mal exécutés. Il n’en faut pas plus pour entendre tonner le président des entrepreneurs s’attelant à démontrer que dans l’affaire des responsabilités sont partagées avec l’administration et les missions de contrôle.

Bienvenue a l’extrême-Nord

Radioscopie d’une province et de ses personnalités incontournables

Aimé Robert BIHINA

Eric Benjamin LAMERE