BANKIM
La première sensation du visiteur est toujours ce lourd parfum de carburant qui flotte dans l’air. C’est le « zoua-zoua », acheté au Nigeria voisin qui se trouve à un jet de pierre. L’on retrouve des « stations » d’essence à tous les recoins de ce grand village. Le litre de carburant frelaté coûte 600 francs.
En face, une vingtaine de conducteurs devisent tranquillement. Le « zoua-zoua », qui vient du Nigeria met plus de temps dans la moto que le carburant du Cameroun, explique un moto-taximan. Un collègue, juste à côté, indique pour sa part n’avoir jamais acheté un carburant autre que ce liquide de contrebande, depuis un an qu’il a acheté son engin.
Bankim est situé à moins de 30mn du Nigeria. Le canton de Songkolong, qui fait partie de la commune, partage plus de 35km de frontière terrestre poreuse avec ce pays, matérialisée par une piste naturelle.
Situé à près 100km de Foumban et à quelque 500km de Ngaoundéré, la capitale régionale dont elle dépend, Bankim, un arrondissement du département de Manyo Banyo, est un grand village. Le côté positif du barrage, c’est cependant la forte présence de poisson, qui ici est consommé braisé, frais, séché ou fumé.
Jour de marché : le vendredi.
Selon les historiens, Bankim a été fondé dans les années 1 300. Les Mboums, peuple autochtone de l’actuelle région de l’Adamaoua, partis du Soudan, arrivèrent sur le plateau de l’Adamaoua au XIVème siècle. Ils créèrent leur capitale à Ngan-Ha, vers l’ouest. Les patriarches racontrent qu’à la mort d’un chef, une princesse, Ouamten, se vit refuser la parole alors qu’elle voulait se prononcer sur la succession de son géniteur. Frustrée, elle s’en alla avec son « gérant» (mari) et certains de ses frères à la tête d’un impressionnant cortège. Elle s’établit à Bankim, à côté de la rivière Mbi (l’eau, en mboum). L’un des membres de l’équipée alla s’installer au Nord-Ouest où se forma le royaume banso, l’autre à Foumban où se créa le royaume bamun. A Bankim, Ouomten forma une grande chefferie dont les vestiges sont encore visibles. Il y rencontra les Ntoumou, les mêmes qu’on rencontre aujourd’hui dans la vallée du Ntem, au Sud du pays et qui sont les véritables autochtones de ce village.
La chefferie est actuellement gérée par Gah II Ibrahim, sur le trône depuis le 25 mars 1980. On lui prête d’excellents rapports avec ses parents, basés à Ngan Ha (Adamoua). Bankim est divisé en trois grands quartiers : Nguinklo, qui abrite la chefferie, Ngnawé, le cimetière des chefs entouré de baobabs géants et, de l’autre côté du fleuve Mbi, se trouve les quartiers Newton et Wumchim.

BANKIM EN CHIFFRES :
Village fondé en 1 300 ;
Superficie : 2 700km² ;
Populations : 100 000 habitants ;
Villages limitrophes :
Au Nord : Commune de Nwa (Nord-Ouest),
Au Sud : Ngambé-Tikar (limite, c’est le fleuve Mbam).
A l’Ouest : Commune de Magha (Noum).
A l’Est: Mayo Darley (Banyo)

Principales ethnies
Les Tikar (oust), dans le canton Bankim et Badam, les Nkouandja, dans le canton Yamboya les Mambila (à Somié et Sonkolon), et une forte de populations allogènes telles que les Yamba, les Bamun, les Mbororos, les Bansos, les Kotokos, les Musgums, les Maliens, les Nigérians, les Ghanéens, etc.

Principaux atouts : terre fertile et cours d’eau poissonneux.