A l’heure actuelle, le port de Douala à l’embouchure du fleuve Wouri, est le seul point d’entrée maritime pour le Cameroun et les pays enclavés de la CEMAC ( RCA, Tchad,Nord du Congo). Son trafic assure 95% des échanges extérieurs du pays.
Toutefois, Douala n’est pas un port en eau profonde. Les navires y accèdent en empruntant un chenal de 24km et de seulement 6,5m de profondeur qu’il faut en plus constamment entretenir. C’est pourquoi le Cameroun examine la possibilité d’approfondir le chenal du port et de créer un port en eau profonde à Kribi.
Les avantages sont évidents. Pour le Cameroun, il y a un certain nombre de projets miniers qui ont été annoncés. Et les quantités annoncées sont telles qu’elles ne peuvent pas transiter par Douala. Quand on vous parle de 35 millions de tonnes de fer par exemple, comment allez-vous transporter tout cela par le port de Douala quand on sait qu’il ne peut accueillir que des bateaux qui ne peuvent avoir qu’un tirant d’eau de 7 mètres ? Il faut des tirants d’eau bien plus élevés. Et ensuite, si nous voulons augmenter notre capacité de traitement des conteneurs et notamment, faire de la côte du Cameroun une côte d’éclatement. On reçoit les conteneurs de tous les autres pays. Les bateaux les déchargent chez nous et nous les reventillons ailleurs. Il est nécessaire que nous ayons des profondeurs très élevées. Et aujourd’hui, lorsqu’on parle de navires portes conteneurs qui emportent 4000 conteneurs, ce sont des petits portes conteneurs. Parce que vous avez des portes conteneurs qui vont à 6000, 8000 ou 10000 conteneurs. Et il y a même des prétentions pour 15 000. Ça veut dire qu’il fait aller chercher des tirants d’eau mi de 12 à 15 mètres et il y a même des cas où l’on a besoin e tirants d’eau e 20 mètres. Pour le tissu économique de l’Afrique centrale, on n’aura peut-être pas tout de suite besoin de tels portes conteneurs mais il faudrait l’infrastructure pour les 4 000 à 6 000 conteneurs. Le Cameroun occupe une position géographique naturelle et il ne faut pas que l’on continue d’attendre.
Ce n’est pas parce que vous avez une position géographique privilégiée que vous allez penser qu’elle ne peut pas être déplacée. Si vous traînez trop, d’autres, placés à côté de la position naturelle privilégiée, s’ils s’installent avant vous, les habitudes ayant la peau dure, ils peuvent attirer tout ce qui vous revient naturellement. Je pense au port de Malabo qui développe rapidement et il faut faire vite.
Chacun de nos ports aura une spécificité. Douala ne peut pas assurer le fonctionnement de transit de trafic minier. Aujourd’hui, on essaye avec un petit quai aluminium pour Alucam mais ça sera pas Douala.. ensuite, si le fer se développe, ce qu’il y a des fonctions nouvelles que l’on domicilie ailleurs sans spolier Douala de ce éclatement, c’est que actuellement vous ne pouvez pas venir avec des portes conteneurs, déposer des conteneurs à Douala en provision et les transférer ailleurs simplement parce l’accès à Douala ne le permet pas. Voilà une fonction qui n’existe pas. En fait, il s’agit pour le port de Kribi d’attirer vers le Cameroun des fonctions qui n’existent pas. a partir du moment où elles existeront, je ne vois pas en quoi le port de Douala souffrirait. Et pour le Cameroun, il y a affirmation d’une position stratégique en Afrique centrale et peut-être sur la côte ouest-africaine.
Le temps de réaliser celui-ci presse. Le pays qui aspire à un taux de croissance de proche ou au-dessus de deux chiffres compte entre autres sur l’exploitation minière. La construction d’un port en eau profonde dans la région de Kribi, en optimisant la desserte maritime du Cameroun, permettrait d’accélérer l’industrialisation du pays, par la mise exploitation de nombreuses ressources naturelles telles que le fer, la bauxite, le Nikel, le cobalt, pour lesquels des permis d’exploitation ont été déjà délivrés. Le premier pas dans cette direction sera franchi avec l’exploitation effective du fer de Mbalam, dans le Sud-Est du Cameroun.
Le port de Kribi devrait donc être opérationnel avant cette échéance. Ce projet pourrait être une aubaine pour le développement du Cameroun. Avec en perspective des retombées sur l’accroissement du tissu industriel local, sur la création de nouveaux emplois, sur le transfert de technologie.