Alors qu’une loi votée à l’assemblée nationale interdit cette pratique, nombre de services publics y font régulièrement recours. Pendant que la police et l’armée se spécialisent dans les services payants.

La dernière ( ?) structure en date est le ministère des Forêts et de la Faune, qui vient de lancer officiellement un « Avis de consultation de demande de cotation N° 0004/DC/Minfof/Cpm du 09 mars 2012, relative à la sélection d’une entreprise chargée d’assurer le gardiennage des locaux du ministère des Forêts et de la Faune » dans le quotidien gouvernemental Cameroon Tribune, édition du 22 mars dernier. Si les autorités de ce département ministériel peuvent rétorquer qu’elles ne sont pas les seules dans cette situation, (ce qui est par ailleurs vrai), il n’en demeure pas moins que cette action sonne comme une défiance de plus en plus remarquée chez certains dirigeants camerounais vis-à-vis des forces de maintien de l’ordre, car ils n’hésitent plus à violer les lois pour sauvegarder ou conquérir un intérêt particulier. Pourtant, une loi votée en 1992 par l’Assemblée nationale interdit en effet le recours aux entreprises privées de gardiennage ou de sécurité, d’assurer les services de protection des édifices publics. Cette tache est en principe réservée exclusivement à la& gendarmerie nationale, suivant le décret portant organisation de ce corps d’arme, dans sa version révisée en 2001. La loi régissant les activités des sociétés de gardiennage interdit par ailleurs, le port d’armes aux employés de ces entreprises. Le constat sur le terrain en est autre. L’on rencontre les agents de sécurité dans les rues avec des pistolets automatiques, des bâillonnettes, des sabres, des matraques ou encore des menottes.


Chaque année pourtant, l’Etat recrute à travers les forces armes et police, des milliers d’agents pour assurer sa mission régalienne de protection des hommes et de leurs biens. Mais l’on note que ces forces ont désormais la tête ailleurs. Cette démissions à peine déguisée des forces de sécurité publique pour la protection tant des hommes que des biens, est présentée par les autorités récalcitrantes comme étant la principale cause de leur recours aux sociétés privées. Une accusation qui est balayée d’un revers de la main par un chef d’unité de police ayant requis l’anonymat. Selon lui, « la police assure la protection de touts les services publics qui le désirent ». C’est le même son de cloche du côté de la gendarmerie où un officier supérieur soutient que « les forces de l’ordre restent à la disposition des administrations qui sollicitent leurs services ». Si tel est réellement le cas, d’où vient-il que l’administration publique aille voir ailleurs ?

Les responsables des administrations qui font recours aux services rivés de gardiennage expliquent que parfois, les locaux qu’ils confient aux forces de l’ordre sont souvent abandonnés et en dehors des cabinets des ministres, l’on ne dispose d’aucun moyen ni de contrôle, ni de pression sur les militaires, gendarmes ou policiers. D’où les nombreux cas de cambriolage relevés dans les départements ministériels, où des forces de l’ordre sont réputés en faction.

Une autre frange accuse carrément la cupidité de quelques responsables des forces de l’ordre. Elle fait en effet remarquer que : « l’on observe comme une course effrénée vers les services de gardiennage et services de sécurité payants auprès des structures privées, notamment financiers, la protection des hommes politiques et d’affaires au détriment des biens publics, voire des populations entières ».

Comme on le voit, chaque partie essaie de dégager sa responsabilité. Mais cela ne peut en aucun cas permettre autant de récurrence dans la violation de lois et des règlements en vigueur comme c’est le cas ces derniers temps. A moins que nous vivions dans une République bananière.