Nkodo Si Tony : Le maître de l’ouverture

Né en 1959, le jeune Nkodo Si Tobie François est l’aîné d’une fratrie de sept enfants. Son père est alors employé à l’Ex ONCPB, chargé de l’exportation du cacao, du café et de quelques produits bruts au port de Douala. Le paternel « papa  Si » qui est aussi arbitre de football dirige avec beaucoup de rigueur sa petite famille. Et son premier-né est son cobaye idéal. Pourtant, le garçon virera très tôt, possédé par les « démons » de la musique. Sur le chemin de l’école, il prend des tangentes pour gagner des coins où quelques amis lui offrent de l’hospitalité et l’encouragent à la fabrication de guitares artisanales qu’il taquine à longueur de journée. Parti des percussions traditionnelles de son village, il a ressenti une fois en ville, l’appel des elfes et décidé d’y répondre. Les colères et coups de fouets du « vieux » ne parviendront pas à lui faire changer d’avis. Il fuguera même à plusieurs reprises pour retrouver des compagnons tels que Manuel N’Guisso et un certain EboaLotin, avec qui il fera ses premières véritables classes musicales. Il s’édifie d’abord au chant et à la guitare avant d’explorer les autres instruments de l’orchestre. Une particularité qui sera un avantage pour lui pendant son aventure hors de son pays d’origine. Il peut alors auprès de plusieurs grands acteurs de différentes scènes, vivre diverses expériences à partir de plusieurs postes de travail. Une énorme richesse qu’il a su mettre en valeur pour tisser tous ces tubes en tant qu’auteur-compositeur-arrangeur puis interprète. A son retour au Cameroun en 1985, il rencontre Albert Breuk’s, un orfèvre avant-gardiste qui croit en ce nouveau son et décide de l’accompagner. Le succès était alors prévisible.

Avec ses deux premiers albums sortis au Cameroun, « 100% Degrés de Bikutsi à l’ombre » et « 120% de Bikutsi à l’ombre », Nkodo Si Tony « élevait le débat ». Car en effet, après son long séjour au Nigéria où il explora longuement le Hi-Life, l’Afrobeat, la Ju-Ju Music et autres sonorités Ibo et Yoruba, l’homme était chargé de belles influences. Or, bien avant son départ pour l’Afrique de l’Ouest, il connut quelques cabarets et studios de la ville de Douala, où il s’amusa sur les rythmes du Littoral et notamment le célèbre Makossa. Avec lui, le rythme cher aux peuples de la forêt a connu sa plus forte percée dans l’univers moderne de l’art musical. Le Bikutsi  s’imposait alors sur les playlists de DJs dans les night clubs du Cameroun et d’ailleurs, tout en s’invitant sur des programmations jadis insoupçonnées pour ce genre artistique.-